• Allégria, un jour au paradis.

 

 Un week-end d’oenotourisme au Château de AIM,

magnifique bâtisse du 18e s, fraîche et accueillante, toute proche de Cosne entre les Côteaux du Giennois, Pouilly-Fumé et Sancerre.

Au sein de cette demeure de famille intime et vaste, deux jours dédiés à l’aventure des sens, à la découverte de nobles terroirs, dans une déambulation libre et précise à la rencontre des crus et des chaix.

Il faut prendre part au dîner, à la table de famille avec assiettes et couverts d’époque, par une soirée chaleureuse, déguster les vins de ces frontières là où le pas des Marquises et des Contes a forgé l’Histoire. 

Quel cadre pour les dégustations et les convivialités… On se sent libre, libre de partager des moments intimes et d’amitié, en compagnie de Sophie, comtesse d’AIM, hôtesse ailée et maîtresse des lieux.

 Pour franchir le Rubicon des villes et retrouver un peu de la liberté des sens et de cette liberté d’esprit qui fait parfois défaut en ville, loin du tohu-bohu général, il faut arriver aux environs de Cosne sur Loire en début d’après-midi un samedi où le temps est beau, le ciel dégagé et venir se rafraîchir sous les grands arbres du parc, s’établir dans la sérénissime fraîcheur des hautes futaies, joie des oiseaux, concert de pépiements. Ce passage obligé ouvre en effet la porte du jour et donne la promesse de l’aube quand tout est à nouveau neuf et paisible et que vous vous sentez à nouveau en vous-même.

 

Dès lors que vous aurez pris possession de la chambre, que vous aurez foulé les longs couloirs fait d’ombres et de lumières, que votre regard se sera épris de la vue du parc, que vous aurez trouvé le salon où des rafraîchissements sont servis, il s’opère en vous un apaisement proprement étonnant comme si, d’un coup, vous vous retrouviez dans un conte d’Hoffman. Une expérience du temps proprement singulière, les aiguilles de la pendule semblent s’être ralenties et la durée s’être légèrement dilatée. La lassitude qui était la vôtre il n y a pas vingt minutes a disparu.

  • Cela est dû, parait-il, au cours vivant de la rivière qui passe sous le château et qui, dans un charme certain vous délasse, vous éveille, vous enchante. Encore faut-il être sensible pour noter tout cela. C’est à ce moment que votre hôtesse parait et vous invite à la suivre, promenade autour du château et de ses terres, puis direction Maltaverne où Alain Cailbourdin a préparé une jolie dégustation.
  •  Alain Cailbourdin

  • est un viticulteur responsable. Pour l’avoir rencontré je peux vous dire que c’est un homme proche de la nature et respectueux des cycles éco-biologiques et de l’environnement. Il nous accueille avec sa femme au caveau et nous fait découvrir ses différentes cuvées, chacune présentant un terroir et une expression aromatique distincte, ses différents côteaux, dont il est propriétaire, sont récoltés et vinifiés séparément et permettent de présenter quatre cuvées.
  • Nous dégustons sa première cuvée :
  • Boisfleury
    Très agréable dès sa première jeunesse, cette cuvée trouve toute sa fraîcheur dans des sols légers et pauvres. Sa gamme aromatique allie en parfaite harmonie le fruité et le floral. Il nous explique qu’il a crée le domaine en 1980 et qu’il compte aujourd’hui 16 hectares de vignes disséminées sur les meilleurs coteaux de Pouilly-Fumé. Il a planté les jeunes vignes à la création, mais est propriétaire de vignes beaucoup plus anciennes âgées de 40 à 70 ans.
  • Les Cris
    Des vignes plus âgées, exposées au sud-ouest face à la Loire sur les coteaux calcaires, offrant à la fois minéralité et richesse. C’est une cuvée extrêmement racées, toute d’élégance et de féminité.
  • Les Cornets
    Cuvée plus précise, tire sa puissance et sa générosité de marnes argilo-calcaires : expression des senteurs de fleurs blanches, évoluant vers des arômes complexes rappelant tantôt le coing, tantôt la mangue, voire certaines années la truffe blanche.
  •  
  • Les critères de qualité sont nombreux : recherche constant de la qualité à la vigne comme au chai, de la maturité complète et richesse des raisins, vinification par gravité permettant des doses minimales de sulfites (jusqu’à 18 mg maximum pour le libre), font que, chaque année de grandes cuvées voient le jour ; à la fois élégantes, minérales, épicées et complexes, de tensions racées et pleines d’expressions, d’un beau volume en bouche et d’une grande longueur en finale. L’équilibre entre le nez et la bouche en fait un grand vin de terroir. Alain Cailbourdin donne au Sauvignon toutes ses lettres de noblesse.
  • La cuvée Triptyque, plus confidentielle, provient de vieux ceps plantés dans le terroir de silex et exceptionnel de Saint-Andelain. La vinification en fûts de chêne de la forêt de Bertranges révèle la complexité et la concentration de cette cuvée d’exception. Arômes de cannelle, cacao et mandarine.
  • Nous quittons la famille Cailbourdin et filons visiter le vignoble sur les hauteurs. La fraîcheur du chai fait contraste avec la chaleur extérieure toujours plus chaude.
  • Nous traversons Saint Andelain, village du mythique Didier Dagueneau, dont le domaine a été repris récemment par son fils Louis Benjamin.
  • Nous passerons également devant le château de Tracy et l’apercevrons trônant par delà les vignes..
  • Quittant les hauteurs il faut arriver jusqu’au lit de la Loire pour trouver un point de ralliement pour la baignade à Saint Thibaut, où nous nous abandonnons aux enfantillages. Le soleil décline au dessus de Sancerre. Nous rejoignons le village pour une visite du centre historique : églises, rues pavées et maisons en pierres. 
  • Le point de vue sur le vignoble est immanquable à Sancerre, à l’Ouest s’étendent sur les hauteurs, les meilleurs coteaux de l’appellation,alors qu’à l’est, on aperçoit au loin, le dessin de la Loire et le vignoble de Pouilly
  • Nous prenons un rafraichissement au bar-exposition du coin (à l’angle de la rue Johanneau et de la rue des Vieilles Boucheries). Nous trouvons deux restaurants réputés dans le centre du village : le restaurant de la Tour, cuisine très précise sur les poissons et les légumes et un Logis de France à tester au prochain voyage sur les recommandations de Sophie. C’est l’heure du retour. Nous empruntons la route touristique des vins et le viaduc. Un second point de vue impressionnant, en contrebas du vignoble et surplombant la région et les villages environnants de Saint-Sature et Saint-Thibaut.
  •  
  •  – Soirée & dîner au château –

  •  
  • Quand nous entrons dans la salle à manger le soleil filtre encore par les fenêtres et donne de ses derniers feux l’or frais des soirs d’été. Le sol dallé de pierres jaunes est frais sous les pieds nus, par les fenêtres le chant des oiseaux est un songe. Une table solide magnifiquement dressée nous tend ses bras et nous commençons par un Carpaccio de saumon sauvage que soulignent les vins du domaine visité, suivi par une terrine de lapin en gelée et sa petite salade verte ou se marient encore les corps acidulés des vins de Sancerre et la ferveur fraîche du Pinot Noir et du Sauvignon.
  • Un plateau de fromages où domine le chavignol est suivi de fruits et de glaces artisanales.
  •  Plus tard à la lampe l ‘esprit des Sancerre irrigue ces conversations amicales où rien de très important ne se dit mais où le vent amical et chagrin glisse sur la peau fraîche du soir et laisse au sommeil le soin de s’éprendre. La lune sous le chêne et la beauté tranquille des pelouses vogue en soi après l’escalier de pierre à double colombages et la porte de la chambre, ouverte sur le lit. Une paix sérénissime entre par le bayou des volets à claire-voie et le chant de la nuit s’épanouit enfin.
  •  
  •  Dimanche matin –

  •  Après un petit déjeuner fort agréable composé de viennoiseries, pain grillé, confitures maisons, oeufs à la coque, jus de fruits frais pressés, café noir et thé, nous partons d’emblée pour le marché de Cosne (5 minutes en voiture en empruntant la route Saint-Laurent D118). La ville est située en bordure de Loire.
  • Il existe encore des marchés rustiques comme nous n’en voyons plus à Paris ou en banlieues et qui paraissent dater d’un demi-siècle au moins. Nous faisons connaissance avec Emmanuel Coutet, vigneron à Saint Père et commençons les premières dégustations pendant que Sophie fait le tour des meilleurs maraichers. L’exploitation familiale est située à quelques kilomètres de là. Soigneux à la vigne comme au chai, Emmanuel livre un excellent coteaux-du-giennois dans les trois couleurs, très typique de l’appellation, ainsi qu’un Pouilly Fumé. Emmanuel nous explique que ses vignes sont âgées de 10 et 50 ans, et plantées sur des coteaux argilo-calcaire et d’argiles à silex. Les vinifications sont bien maitrisées, nez expressif, belles fragances exotiques pour le blanc (fruits de la passion, pamplemousse). La bouche est très équilibrée, ampleur, vivacité et longueur, qui lui confère harmonie et élégance. Il s’alliera parfaitement avec des poissons fumés, fruits de mer ou les fameux crottins de Chavignol. Le rosé est d’une exceptionnelle finesse aromatique et les rouges sont cités pour leur boisé bien maîtrisé.
  • Les cagettes sont pleines des fruits, légumes, épices, charcuteries locales. Les terrasses sont prises d’assauts mais Sophie qui connait bien les patrons nous dégotte une place bien ombragée. Un blanc fumé au point de ralliement le temps permet d’attendre les dernières convives.
  • Il est temps de partir le marché se vide et les commerçants ferment boutique. Sur le retour nous découvrons sur la Loire de très belles embarcations anciennes face à l’île de Cosne, une guinguette aux bords de l’eau, ou étaient situées les anciennes forges de la ville. Ne reste qu’une inscription de Sévigné sur le mur près de l’entrée. Au loin le pont suspendu. Autour les maisons d’époque 18e et 19e siècle.
  • Le déjeuner, en forme de pique-nique, s’élabore autour des pâtés, terrines, petits cornichons et oignons, pain doré à la mie brune, moelleuse, salades de betteraves, carottes, tomates à la Lucette, salade verte et sa sauce dijonnaise, poulet fermier froid et mayonnaise maison, le tout frais et succulent arrosé de notre sélection du marché et des petits côteaux-du- giennois dont la vivacité s’ accuse et donne du relief et de la voix. Les chavignoles se marient au Pouilly que suivent les glaces artisanales et le café. C’est un bonheur.
  • En région, les artisans, producteurs de vins, épiciers, gens du crus, haut en couleur travaillent à l’ancienne, avec soin, garant des augustes saveurs qu’un palais fin et délicat reconnaîtra immédiatement, comme une preuve de vigueur et surtout comme un viatique. En effet, selon la saison et les provenances, jardins, bois, collines, la juste part du goût retrouvé des saveurs de saisons met en appétit et en révolution. Un temps précis s’ouvre alors, non pas celui du Commandeur précipitant Don Juan dans l’abîme mais ces jours d’alors ou une grand-mère avait préparé l’omelette aux cèpes, le brochet rôti au Chablis, le faisan aux pommes, la crème glacée aux fruits frais, mûres et framboises du jardin. C’est ce retour du Bon Temps au sein de ce château où courent les ombres et les ors frais de l’après-midi qui pépient et enchantent. Plaisirs métaphysiques et littéraires liés à la joie, barque déliée du temps.
  • Tout cela est miraculeux.
  •  
  •    Après la sieste

  • et avant de repartir, promenade au château deBURANLURE  appartenant au conte de Vogué, situé de l’autre côté de Cosne, puis sur les bords de la Loire, promenade close par un pot à la terrasse de la guinguette qui jouxte la baignade… La Loire majestueuse et fluente coule sous nos yeux dans la beauté de son secret et dit le charme de ces deux jours. L ‘engloutissement du temps ne fera pas son œuvre comme d’habitude, le souvenir, l’expérience sensuelle, la trace élégante du souvenir seront de beaucoup plus pressantes puisque s’anime à nouveau le plaisir d’ être en ce château comme en soi même, tout en songe.
  • Nous Levons nos verres et trinquons, célébrons ce moment de joie partagée.
  • Le départ pour Paris se fera à l heure du loup, après les remerciements d’usage.
  • Déjà le château s’éloigne mais il y a dans le coffre provisions de bouche et vins choisis, de quoi célébrer en toute amitié et pouvoir conter le pouvoir d’émerveillement des ces seulement deux petites journées (qui nous ont paru beaucoup plus longues) et dont le chant est encore et toujours vibrant, long en bouche et plus que vivant.
  • Allégria.

  • Texte: Jean Christophe LACASSAGNE pour la partie dégustation  & Pascal THERME  pour l’esprit, la narration, tous deux promeneurs de l’improbable…
  • Organisation, Direction Artistique, mise en page, Photographie, Pascal THERME
  •  © all pictures Pascal THERME 2013
  •  
  •  
favicon Allégria, a day in paradise oenotourisme Reportages