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AZIMUT le U PAR TENDANCE FLOUE

 

Ce cinquième carnet photographique d’une série de six, retrace la route de cinq photographes invités dans le cadre du projet AZIMUT – Clémentine Schneidermann, Mouna Saboni, Guillaume Chauvin, Yann Merlin, Gabrielle Duplantier, et de leurs invités Noémi Gruner (réalisatrice), Morgan Chauvel (musicien), et Charles Pennequin (écrivain).

RAPPELS DES RÈGLES: « Débutée le 1er mars 2017 et clôturée le 19 octobre 2017, AZIMUT est une marche photographique de plus de 8 mois à travers le territoire français, menée en relais par 30 photographes. L’itinéraire de chacun est libre. Chemins creux ou routes goudronnées, lignes droites ou sinueuses, les marcheurs-photographes n’ont qu’un horaire à respecter : être à l’heure au rendez-vous fixé à celui ou celle qui lui succède. A travers ces parcours, Tendance Floue souhaite faire l’expérience paradoxale de la liberté et de la contrainte qu’offre la marche. Le ralentissement du temps, la soumission à la météo et l’épuisement du corps changent le rapport aux lieux traversés, aux paysages découverts, aux rencontres possibles produites par ce lent déplacement. Le vertige de la liberté, la griserie de cette disponibilité rare à soi-même et aux autres, l’inhabituelle acuité du regard sur ce qui environne, tout autant. » Tendance Floue.

 

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Azimut #U-© Duplantier_argeles

De Salasc au km 2743, où Clémentine Schneidmann prend le relais, il faut attendre le km 3329 de Cerbère où Gabrielle Duplantier rejoint la gare, pour que se referme le cinquième épisode des invités du U d’Azimut, soit tout de même presque 600 kms parcourus. De ce point A à ce point B, l’éphémère nourrit chaque image, un journal se tient au quotidien. Sur ces chemins, s’exprime la perception libre de toutes contraintes, une photographie s’écrit, faite d’instants retenus, du vol des heures aux ailes duveteuses et franches, s’imprime un autre temps, solaire, un temps fait de noirs et de blancs, le plus souvent, de sous-exposition volontaires et de clartés obscures, de patiences aléatoires et d’éblouissements, quand le prétexte documentaire est dépassé par l’expression libre et que se tient en somme un journal sensible en images et en textes.

Azimut le U est un numéro clair et obscur, mutant, à la clarté mélancolique, blues lancinant hanté par la marche, passages sous les pierres, épreuves de la nuit,  perte avouée de repaires, puissance solaire des campagnes, délivrances du poids de la terre tandis que s’ouvre la nuit solaire, nuit américaine et que s’effractent ces corps noués, rocs issus d’une marée dont le jaillissement fait naître la présence du pays et le visage des gens croisés au fil du chemin, apparitions pour certains, évocations pour d’autres. Cette photographie interpelle, s’écrit dans un relevé autonome, plus ou moins juste, c’est selon mais dans une proposition où se tient le photographe dans son à propos.

 

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Azimut-U_Gabrielle-Duplantier_Tendance-Floue

Un temps objectif se mue en temps intérieur , l’azimut parait sur le sourire de cette jeune fille au regard sombre, prise de deux tiers, sur fond de grille et traçant sa route vers l’infini, photographiée par Gabrielle Duplantier. Il en résulte des chocs, une émergence des influences surréalistes, à la Nadja, silhouette qui file vers le hors champ, regard oblique de la diagonale et de l’angle de celui-ci par rapport au regardant, passant inaperçu et invisible dans cette proximité du rêve. Un couple s’est formé entre apparition et présence, ce couplage projète, en fin de numéro, un point d’orgue rétrospectif à partir duquel il faut rebrousser le chemin de la lecture du U, pour établir une lecture rétrograde, remonter le temps, feuilleter à rebours ces pages aperçues tout d’abord, comme cette locomotive qui file à reculons chez Bunuel  et qui s’enfonce dans la nuit vers un ailleurs improbable, entre-aperçu.

Dans Azimut le U se joue des chronologies et des temps du cycle de la marche. Planète entière consacrée à ce mouvement ce U est bien un numéro chanté, pulsé, improbable et surprenant, difficile car l’invisible mouvement s’y est logé…en retour des noir&blancs qui le constituent, petits poèmes en prose où tout un réel livre sa partition journalière vers son repos aguerri; un oiseau à la nuit, palombe ou faucon, singularise cet arbre jaillissant au Caucase de sa nuit, photographie de Yann Merlin, jeudi 27 Septembre 2017,  étrangeté du message de l’instant. Les signes courent sur la nuit, le photographe est un marcheur éveillé au creux de sa propre nuit. Cette instance poétique parle de regards pulsés, de présences avouées et du chant de l’intimité, ce rêve qui circule d’une marche à l’autre, sous le roulis des pierres et fait sens, pourrait-on dire, comme appelé. Depuis la nuit n’est plus seule, elle recueille le passage du regard, s’éprend des yeux fertiles qui la contemplent et la reçoivent. Le photographe lit le poème lacté du songe qui est en lui et s’empare des signes qui le meuvent, s’en revendique parfois… Au dedans de ce rêve éveillé, il est entré en relation avec l’infini, ce que prouve sa photographie au monde alentour et à rebours d’un ciel azimuté. Un bateau semble échoué sur une mer de sable et de terre, surprenante déréalisation que Mouna-saboni propose.

 

 

Parler à voix basse, devant le miroir des eaux dormantes, ne pas déroger aux puissance de la nuit, écouter le chant du monde, autant d’instances qui formulent  la présence des cinq photographes happés en surface par l’épreuve du jour….Faire oeuvre avec ou malgré soi, cueillir les fleurs improbables de l’instant, rester éveillé au dedans de ce rêve éveillé…ne plus fermer les yeux, être ce marcheur en toute cause…

Nos amis photographes se consacrent à la naissance de cette intensité pour s’appeler, au delà de l’image, se répondre les uns, les autres, circulations des énergies et de l’enjeu des images quand elles relèvent la photographie contre la froideur de l’époque, devenue étanche à ces propositions ouvertes, mesurables, fiables, à la maitrise apparente.  Au Nord Ouest des passages, elles fondent le visible dans les échos des voix chères qui continuent à s’entendre, à appeler, ces voix du puits qui font sens en toute photographie et qui résonnent, comme un métal qui tinte sur le chemin…. Une union secrète entre le visible et l’invisible nait de cette écoute intérieure, mais doucement, sans cri, toute en sur-prises d’une sur-réalité.

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Yann Merlin_01_Azimut #U

Ce numéro U que j’annonçais alchimique est dédié à la pleine lune, au soleil de minuit, au jour J…. U de sur-réalité ou de super naturalisme comme on voudra. Pour preuve, Yann Merlin a rencontré l’âne qui rit, couché sur le dos en plein champ, pattes en l’air, dans une jouissance des frottis frottas contre l’herbe pour s’apaiser des piqures d’insectes, béât de bonheur. C’est sans doute une trace messagère retenue par cet oeil disponible aux instants qui comptent, métriques du temps visité en spectacle par l’oeil du hasard, partage des jouissances électives. Une image improbable en est née, rieuse, éclatante.

Azimut le U est un contre ut, aperçu plus que vu, entendu, convenu, mais présent sous les surfaces.

La photographie n’ y est pas devenue secondaire, comme je l’ai pensé premièrement, mais réfléchie, sous tension parfois, belle, comme un feu à la lampe, qui, par temps de brouillard diffuse sa blancheur… dissipe le regard, glisse sur la peau, émet un songe, rêve encore de photographie…. sans se démettre en passant sous les pierres. Sous le temps. Il semblerait qu’une frontière ait été franchie, un point de non retour, glissements progressifs du plaisir, d’un Plaisir dont la mue improbable est devenue écriture et parole, récit, reportage, rapport d une photographie qui s oublie en tant que photographie pour venir se lover dans le plein champ du rapport autobiographique et se soustraire à elle même, pour se réinventer en plein, en creux, selon.

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AZIMUT le U- Clémentine Schneidermann

J’aperçois aujourd’hui dans ce U, l’ Azimut dans une succession et une temporalité interne. Quelques aient été les rêves, les désirs, les volontés des marcheurs, un poème connu de tous a finalement servi d’augure. L’expérience rimbaldienne de la marche, de Charleville à Charleroi à inséminé en chacun des azimutés une expérience de l intimité rêvée du poète comme une initiation à sa nuit, à la quête de soi, à l illumination , épreuves du corps et de l’âme en quête d’infini… Cette expérience danse au gré des pages, se replie soudain vers les circonstances pour revenir au désert et s affirmer au fond des mots, des phrases écrites et lues, comme un récit d aventure, un récit autobiographique. Un conte y est porté dans l’intimité de soi.

… dans ce U sont apparus l expérience rimbaldienne de la marche, du lien mystérieux et sensuel avec la Nature et l expérience politique de la traversée du territoire de France dans un jeu de piste sans équivalent en tant qu’expérience dite fondamentale…. et tout cela dans un but précis qui répond du sens profond et symbolique de l’AZIMUT, cet angle dans le plan horizontal entre la direction d’un objet et une direction de référence qui peut être le Nord géographique ou magnétique, angle mesuré dans le sens rétrograde…. un envers du monde depuis un point qui se situerait au Nord magnétique…Sur-réel donc. 

Je laisse à Gilles Coulon dans l’interview suivante le soin de situer le propos du contenu politique de l’expérience…entre marche et photographie.

 

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Azimut-U_COVER

 

Débutée le 1er mars 2017 et clôturée le 19 octobre 2017, AZIMUT est une marche photographique de plus de 8 mois à travers le territoire français, menée en relais par 30 photographes. L’itinéraire de chacun est libre. Chemins creux ou routes goudronnées, lignes droites ou sinueuses, les marcheurs-photographes n’ont qu’un horaire à respecter : être à l’heure au rendez-vous fixé à celui ou celle qui lui succède

Pascal Aimar ● Thierry Ardouin ● Denis Bourges ● Antoine Bruy ● Michel Bousquet ● Guillaume Chauvin ● Gilles Coulon ● Olivier Culmann● Pascal Dolémieux ● Bertrand Desprez ● Gabrielle Duplantier ●Gregoire Eloy ● Laure Flammarion ● Léa Habourdin ● Mat Jacob ●Marine Lanier ● Stéphane Lavoué ● Julien Magre ● Bertrand Meunier ●Yann Merlin ● Meyer Flou ● Julien Mignot ● Marion Poussier ●Kourtney Roy ● Mouna Saboni ● Clémentine Schneidermann ● Fred Stucin ● Flore-aël Surun ● Patrick Tourneboeuf ● Alain Willaume

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