Montolieu – La coopérative Collection CÉRES FRANCO et l’ancienne cave coopérative viticole réhabilitée en galerie d’art, abritant la Collection.

EN QUÊTE DE GRAAL À MONTOLIEU, AUDE.

La Collection CÉRÈS-FRANCO S’EXPOSE À MONTOLIEU,  du 31 MARS AU 4 NOVEMBRE 2018.

Cette 4ème exposition présente Les œuvres de près de 80 artistes de la collection Cérès Franco autour d’une installation spectaculaire, celle de Jean-Marie Martin (1922-2012), un des artistes les plus surprenants de cette collection.

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COLLECTION CERES-FRANCO, Montolieu, CYCLE JEAN MARIE MARTIN – au premier plan Le Verdon aux herbes d’or, à droite, les guetteurs embusqués de part et d’autre, gardiens des portes. Le Verdon glacé, glace et neige plus loin à gauche, verticalement faisant face, Ophélie, puis tout au fond, Bannière du Verdon et Voûte Étoilée, deux panneaux imposants, le jour et la nuit. Sur le côté gauche, les colonnes candélabres, à gauche au fond, Table de l’adoration, cinq colonnes candélabre, à droite tout au fond en or, Le Paradis Terrestre, huile sur toile, clous, bois.

 

Il faut savoir s’aventurer au delà des limites convenues et franchir ces ponts qui enjambent des cours d’eau impulsifs pour chercher le GRAAL, les GRAAL dont parle la puissante exposition, dessinée par sa Commissaire, Dominique Polad-Hardouin, à partir de la collection Cérès-Franco, dont elle déploie ici quelques 200 pièces.

Il ya une magie toute particulière qui séduit d’entrée, initiatique, en franchissant l’eau verte du Verdon. Ces premières rencontres avec Jean Marie Martin, et la Quête du Saint Graal, la mort du roi Arthur, la porte du Paradis, que seul Galaad semble avoir pu franchir, situent la légende arthuriene au centre de  son ésotérisme chrétien. Pendant quinze ans, Jean Marie Martin s’est attaché à produire quelques 40 pièces, faites de bois, de clous (400 000), de matières simples, évoquant une Progressio, un chemin qui s’invente au fur et à mesure dans une définition très ésotérique, presque cryptique, écrit la présentation, en tout point intérieure et vécue comme telle. Le cycle des 33 pièces de cette oeuvre monumentale qui en compte 40 a trouvé sa destination finale dans une chapelle à quelques kilomètres, là, seront logés, Torse d’airain, Armorial du Verdon, étendards, trônes, colonnes, portes, ciboires, croix celtique, Manteau du sacre du roi Arthur et Porte du Paradis…

Le déroulé des autres oeuvres qui s’ensuit est contaminé par ces premiers pas au côté de Jean Marie Martin, une fois passé le Verdon, il semblerait que nous ayons passé un gué, que quelque chose de notre perception, de notre ressenti se soit transformé, nous aussi, sommes enchantés de ce qui se passe devant nous, un changement s’est produit, nous sommes entrés dans la forêt enchantée, celle des oeuvres et des signes, celle des dialogues et des adresses, celle des réceptions aux multiples voix. Cette construction très habile de Dominique Polad-Hardouin génère un esprit particulier de partage et d’intérêt, de libertés retrouvées, de regards complices; un souffle, un vent paraclet s’est invité aux bornes du chemin dessiné par notre hôte.

Un chemin tout particulier se crée entre songe et rêve, voyages multiples du jeu au désir,  passant par les épreuves, avant d’arriver à la question du Graal. Ces chapitres permettent de dévider le  fil rouge qui relie les oeuvres exposées, dans une très belle proposition d’animation des choix qui firent la Collection… Cette Question est initiée dès les premiers pas, au départ de l’exposition, à travers le cycle des 33 pièces de Jean Marie Martin,  par l’introduction  de l’espace psychologique inaugural à ce parcours enchanteur, traversant temps différentiés, fictions, fantasmatiques, métaphysiques, ésotérisme, conscience politique.

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Collection Cérès Franco – Cabeça de mona – Peiture vinylique sur toile, 53,9×45,4 cm-A 494972

Une déambulation rythmée ouvre le rêve et le cauchemar, autres désirs abordant le sexe,  la cruauté, obsessions qui implosent – Sabhan Adam, Timothy Archer. Chez Eli-Malvina Heil, s’échappe un cri coloré hors des visions hallucinées, presque baroques, dans une énergie centripète, de personnages ou de figures qui la hantent et qu’elle identifie dans une énergie explosive, libératrice … Toutes les passions sont ici présentes, hallucinatoires. Elles parlent de ces folies qui rodent, telles des loups, du spectre de la mort, des tentations charnelles, des songes et des peurs, de tout ce qui traverse la vie, dans une  intimité  psychologique proche du spectateur où l’ enthousiasme étreint le processus de création, afin de rendre plus poche l’Autre, cet inconnu qui voyage aussi par les chemins de contrebande et s’aperçoit par intermittence dans les miroirs que franchit le regard, au dessus des eaux intrépides. Un temps se dessine, cet Aïon contrarié dont parle Platon, temps pur où s’égrainent les forces qui jouent à l’intérieur du Soi et tentent d’établir une forme de présence à soi et au monde, dans une justesse de ton et de voix. Ce temps nous est aussi, précieux.

Problématiques du feu conjointes à celles de l’eau,  deux éléments entrent en relations, comme deux symboles majeurs qui animent l’anima régie par l’ombre réfléchie  et la raison solaire illuminée par la Foi. Il semble que ce qui s’expose ici soit le chemin, Initio, du Graal des Perceval, Lancelot, Gauvin, revu métaphysiquement et introspectivement entre le Moi et le Soi, et que, sans charme, sans protection, sans foi en soi, il est impossible de traverser les épreuves qui courent au devant de ces libérations, de ces dialogues. Ces chemins sont tous intérieurs, et ces combats invisibles nécessitent qu’une part intime puisse partir à la rencontre de cette idéalité, sur des chemins où il faut combattre sa propre nature, comme le retour de ce qui a été refoulé, obscurité où redoublent les ténèbres, à chaque pas en avant correspond un pas inversé.

 

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Collection CERES FRANCO – CF1423 – Lou Laurin-Lam Les bureaucrates mangent la révolution, Sérigraphie sur papier n° 4/100, 49x 62,2 cm

En ce parcours des arts, au delà du Bien et du Mal, il est question d’un Gai Savoir et de la possibilité des Graal, qui répondent, dans une certaine mesure à l’esprit de la Mise en Scène, l’esprit de la scénographie, distributive, réservant une part à l’objet secret des quêtes et du chemin, chemin des oeuvres exposées qui répondent ici de nos perditions, de nos passions et de nos folies possiblement, comme de ces amours battant pavillon rouge, et prêts à se défendre contre l’altérité, avec humour et énergie, ainsi en va t il de Lou Laurin-Lam dans sa critique féroce et joyeuse, ludique, innocente, innervée d’un humour à cru à propos d’une certaine révolution russe devenue dictature. Même ici les régimes politiques sont encore l’occasion de produire une critique rieuse et vive, couleurs franches, graphisme des formes, textes manuscrits, satires joyeuses, la louve noire aux yeux bleus de la révolution est dévorée sans ambage par ces gloutons de bureaucrates, vampires grotesques tout à leur faim… Preuves d’une liberté intérieure certaine et d’un appétit féroce, les chemins qui mènent au Graal sont aussi politiques.

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Colletion Ceres Franco -La quête du Graal – Alba Flora Cavalcanti – Deux en un, Brésil 2011, pastel sur carton 35,7 x 52 cm

L’ Énergie du voyage peut s’entendre comme une ODYSSÉE, en effleurant les désirs de chair évoqués, peints par Guillaume Corneille, Joseph Kurhajec, Olivier Blot, Pierre Bettencourt jusqu’ à évoquer la présence de la mort, Andew Gilbert, Sylvie Blanchard, un  chemin pluriel dit tout des hommes de cette TERRA NOSTRA, en lutte, en recherche, en proie aux obsessions comme à l’ivresse, à la joie, à la peur, au fantasme et au malheur, danses des quotidiens innervés par la lutte que tous semblent devoir mener pour s’extraire, s’assumer, rayonner et vaincre, avant de pouvoir dire s’ils ont pu trouver en eux mêmes ou dans le monde, chez l’autre, de ce côté ci du Réel, ou de l’autre, ce chant propitiatoire, compagnon de la parole et de l’acte de création, animé par le souffle des épreuves, ces Graal autrement nommés. Des ponts relient les artistes et leurs chemins, qu’ils soient brésiliens ou polonais, une même question les traverse systématiquement, qu’ils soient au travail ou qu’ils accouchent  de leurs oeuvres souvent dans la douleur. Cette lutte est déjà un chemin singulier vers l’universel. Quand les ombres semblent gagner, il n’en est rien, un génie nu parait pour délier…

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Collection Céres Franco – ADAM_Sabhan, sans titre, techniques mixtes sur toile 334×294 cm

Dominique Polad-Hardouin a su relier des oeuvres si différentes dans une approche unitaire passionnée et passionnante. Tout fuse, des premiers pas à la traversée symbolique du Verdon chez Jean Marie Martin, à l’envoûtant voyage que propose Christine Sefolosha dans ses vaisseaux magiques.  Ce sont des apparitions, fantômes de vaisseaux qui sont autant de nautiles, afin de faire transition d’un monde à l’autre.  Ces monotypes  participent de la création d’une sensibilité d’outre tombe où une perception mythologique est coulée métaphoriquement dans l’imaginaire,  tons bruns éteins, traversés de mauve, que boit le papier, offrant grains de matière vive, sensible, sels d’argent insolés du miroir, dans une sorte de fusion métaphysique entre couleurs sourdes et matières. Le voyage, 2013-2014, encre et techniques mixtes sur papier 100×137 cm,  presque monochrome, évoque le passage de la mort et du double, deux enfants couronnés de pampre, bras parallèles, assis au fond d’une barque, regardent, droit dans les yeux, scrutent et font face au spectateur, happé par l’hypnotique scène, alors que la barque semble descendre un courant vif, entre deux colonnes étranges et paniques où, la figure de dieux oubliés et sans âge, nous fixe, tandis qu’un petit être, sis entre les deux têtes enfantines, porte un troisième oeil entre ses mains unies…. Vision étrange et puissante, d’où l’artiste peut elle la créer, à partir de quoi et de qui voit elle au delà du visible, l’invisible chant mu par l’onde… Mystères des profondeurs de l’âme et de la Psyché qui livrent ici une épreuve, une adresse comme il pouvait en être dans cette Rome antique quand les dieux habitaient la Cité….

 

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Collection CÉRES FRANCO Christine Sefolosha- le voyage, encre et techniques mixtes sur papier, 100x137cm.

Quelles preuves des mystères faudrait il chercher plus loin quand l’expression littérale porte la question des essences et des formes, par quels signes pourrait on évoquer, autres ce mystérieux voyage, dont l homme semble bien l’inconnu majeur? Et par quels travers l’exposition pourrait-elle mieux situer les confluences entre ces mondes inconnus qui naissent de ces visions pour interroger ces certitudes qui sont censées nous faire ou nous défaire, vaste question que re-pose toute l’exposition et dont nous ne pouvons nous démettre, si ce n’est par la beauté qui voyage au sein de mondes colorés et ouverts, même si parfois un nuage obscurci le voile que l’âme des beaux soleils semble avoir déposé aux pas de ces marcheurs éblouis et conquis par leur oeuvre. Baudelaires sanguinaires qui approchez de l’Inde verte, fuyez donc en vous même pour essuyer le feu royal qui habite ces oeuvres…il est ici des langages qui sont si incertains et si improbables qu’ils semblent bien porter, au delà de l’image, tout l’imaginaire et la psyché de tous les temps, faits de bronze et d’airain, feux des révolutions esthétiques et politiques australes, au coeur de l’époque. Ainsi la collection Cérès Franco aborde t elle aux confins des possibles, toute la définition de ce qui voyage en soi et dans le monde.. joyeux parcours à l’inséminante présence, reliée par ces feux invisibles, au delà de l’eau verte et des rêves, par les chemins et surement pour le Graal.

 

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La Coopérative Collection CÉRES FRANCO- Montolieu

 

RAPPELS

Cérès Franco est née au Brésil en 1926, elle s’installe à Paris en 1951, passionnée d’art, elle devient critique avant d’organiser sa première exposition de peinture en 1962,  L’oeil de Boeuf, nom qui dans sa germination aboutira à une galerie d’art en 1972, où se croiseront Ernst, Cocteau, Picasso, Arp, César, Laurens, Richier, et toute une génération d’artistes issus de la Nouvelle Figuration, artistes de l’exil, venus d’Amérique du sud ou de l’autre côté du rideau de fer. Mais c’est avec Dubuffet, qu’elle fonde une collection d’Art Brut remarquable, Stani Nitkowski, Jaber, Chaibia, Christine Sefolosha. Cette collection est riche aujourd’hui de plus de 1 600 oeuvres assemblant Art Naïf, Art Populaire, Art Brut, comme également des oeuvres du groupe Cobra et d’autres issues de la Nouvelle Figuration, Michel Macréau, Marcel Pouget et Jacques Grinberg.

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Cérès-Franco-

Issue  de cet esprit universel, un lieu abrite aujourd’hui cette collection Cérès-Franco, qui s’étend sur toute la seconde moitié du XX éme siècle.   Un rapprochement entre acteurs privés, publiques et mécénat a permis de la sédentariser en ce village de Montolieu.  C’est au sein de l’ancienne coopérative viticole que siège aujourd’hui la collection dans les bâtiments transformés en 2008 en centre d’art, devenus en 2015 un lieu dédié à la présentation de la Collection permanente. « Son objectif est de présenter le fonds de la collection, d’organiser des expositions temporaires en résonance avec ce fonds et d’engager un dialogue avec d’autres artistes de la scène internationale. »

Adresse La Coopérative – Collection Cérès Franco 5, route d’Alzonne 11170 Montolieu + 33 (0)4 68 76 12 54    info@collectionceresfranco.com  Horaires d’ouverture Ouvert du 31 mars au 4 novembre 2018 du mardi au dimanche De 14h à 19h Tous les jours sauf les lundis non fériés

Se rendre à Montolieu : Depuis Toulouse Prendre l’A61, sortir à Carcassonne Ouest. Reprendre la direction de Toulouse. Emprunter la D629 en direction de Montolieu. Depuis Narbonne Prendre l’A61, sortir à Carcassonne Ouest. Au carrefour, prendre la direction de Toulouse, puis emprunter la D629 en direction de Montolieu.

www.collectionceresfranco.com

 

 

Artistes exposés

Dominique D’ACHERSabhan ADAM,  Philippe AÏNIFernandes ANDRADESerge David ANGELOFFJoaquim Batista ANTUNESTimothy ARCHER,  Jac ARNOULDATILAAUXIETTEÉric BERTPierre BETTENCOURT, Jean-Louis BILWEISSylvie BLANCHARDOlivier BLOTAnselme BOIX-VIVESLaurence BONNETTadeusz BRUDZYNSKIRoland CABOTRebecca CAMPEAUAlba Flora CAVALCANTIKarel CERNYStéphane CÉRUTTILouis CHABAUDCHAÏBIAMarie-Jo CHAPATTEDidier CHENU dit LECHNUDaphné CHEVALLEREAUJohn CHRISTOFOROUHoracio CORDEROGuillaume CORNEILLEJoël CRESPINRenato CRUZAlberto CUADROSChristophe CURIEND’AIFADanúbio GONÇALVESYan DARÇONAyako DAVID-KAWAUCHIPaulo DE BRITOMilo DIASPepe DOÑATEEduardo ELOYFarnese DE ANDRADEDaniel Simon FAUREJoanna FLATAUJosé GAMARRAJean-Marc GAUTHIERRubens GERCHMANJoseph GHINAndrew GILBERTLima GRAUBEN DO MONTEIlya GRINBERGJacques GRINBERGArturo GUERREROKurt-Josef HAASAbraham HADADEli Malvina HEILJABERDanielle JACQUI dite CELLE QUI PEINTMarie JAKOBOWICZImmo JALLASYouri JARKIJUDIKAËLMiron KIROPOLJoseph KURHAJECLou LAURIN-LAMDominique LICCIAGeorgius LOTIFIJean-Marie MARTINPAELLA CHIMICOSFrançois POLADChristine SEFOLOSHAJoseph VARTYWALDOMIRO DE DEUS et des œuvres de l’art populaire brésilienmexicainportugais et soudanais.

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