Galerie Sit Down, Flore expose « loin de l’espoir ».

Devoir de Mémoire: Flore expose à la galerie Sit Down, » loin de l’espoir ».

Des bâtiments de béton aux numéros apparents profilent leur masse sombre et inquiétante dans une pénombre crépusculaire, nuit calcinée de la déraison, donnée au lent travail du temps, érosions, délabrements, solitudes. Ce sont là les traces funèbres d’un camp de rétention (Rivesaltes) où sans aucun doute histoire personnelle et Histoire se sont télescopées, dans un frottement noir, au charbon, sous lequel courent un cri et une question: Comment témoigner de l’innommable, comment partager les preuves de l’Histoire de l’Holocauste, la folie meurtrière et rampante qui court toujours sous le temps, l’ombre des chiens, à part à montrer la nuit elle même, la jetée des ombres lépreuses qui continuent aujourd’hui de s’étendre, nuit de l’âme, crépusculaire.

Comment l’acte photographique peut-il ou doit-il rendre compte, témoigner?

On le sait, la question est rémanente depuis que le reportage existe dans une volonté établie et reconnue de témoignage, mais ici, il ne s’agit pas de document, de photographies anonymes, d’objectivités historiques, un regard a choisi de dire l’indicible horreur des camps, de tous les camps, de la nuit de l’Histoire, et conséquemment de ses drames…. tirages sombres de ces lieux vides, mangés de léprosités, lieux déserts mais hantés, du moins le suppose t on, où sans doute voix, cris, murmures, gémissements, hurlements, larmes éteintes sous la courbure évanouie du visible, se sont stratifiées en empreintes toujours hurlantes dans le vacarme du silence de la nuit atrabilaire… mues de l’invisible passé, faces contre terre de toute trace de vivants.  Nous sommes ainsi reliés à cet invisible par le fil photographique de la nuit, devant le théâtre macabre et absent de l’absence, immergés dans ces lieux de mémoire et pourtant…un regard tire un rideau sur la nuit tragique, dans l’amer austérité du noir funeste des tirages.

Cette conscience se fait par projection du « regardant » entrant dans chaque cadre, chaque image et se trouvant une obligation de partage, de « sympathie » (sens ethnologique souffrir avec…) de fictions et de regarder encore ce qui a fui, de ne pouvoir en même temps imaginer l’indicible, l’insupportable autrement que par un soulèvement intérieur pour se dire en soi même « plus jamais ça », car au fil de toute Histoire s’est dénouée la Raison Humaniste et insurrectionnelle. C’est donc par cette irruption en soi liée à la nuit que Flore assume ce partage, la continuité politique du sens donné à ses images et que ce redoublement de la possibilité de l’impossibilité s’établit d’un point de vue moral, s’établit par nécessaires devoirs de mémoire et de témoignage, par glissements progressifs de notre responsabilité morale à tous.

Hiroshima

Cet Hiroshima silencieux approche celui de M.Duras, puisque tout a disparu mais que tout est inscrit pourtant et cette mémoire improbable et personnelle ne fait que travailler sa propre actualité par retour et aller-retour afin de dépenser la mort en affirmant le combat.
Comment pourrait on témoigner autrement, sans engagement, sans créer ce dispositif personnel, sans être là, à ce point de la mémoire et du cri….dans le partage nommé de la souvenance. »
P.T.

galerie Sit Down     http://www.sitdown.fr/

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