POLAROID SX 70, GRAPHE DE SOI.

Polaroid SX 70, graphe de soi, Fragmentations Origines.

Le Polaroid dans son développement presque instantané a été un outil pour nombre de photographes, qu »il ait servi pour des notations du moment, journal, des images de contrôle en Mode, en publicité pour exemple,  à l’époque où le numérique n’existait pas, qu’il ait servi aux peintres, plasticiens, comme éléments de construction d’une image complexe à partir de fragments, comme ce fut le cas pour David Hockney… je l’ai beaucoup utilisé dans cette période charnière de 1998 à 2006, pour constituer mes propres grandes images, dans une note  d’écriture personnelle, d’où le titre  POLAROID SX 70, GRAPHE DE SOI….

Voilà l’entreprise du temps présent et la raison profonde du pourquoi de cette recherche photographique commencée juste avant le changement de millénaire, donc avant que les avancées en matière de technologie (le numérique, photoshop, les logiciels panoramiques etc…) n’aient installé durablement leur (em)prise sur le monde actuel. Graphe, Photo-Graphe  photographies; jouer avec la lumière, le temps, le visible, le regard, ce qui s’inscrit sur le film, ce qui est photographique, ce qui fait photographie.

Le Polaroid SX 70 était à l’époque l’enfant chéri de l’instant différé et convivial, il était actuel, moderne, intersubjectif, relationnel, convivial, amoureux, aussi arty, très arty…c’était chic de sortir son  Polaroid SX 70, de photographier, de montrer, de donner….  ensuite, une fois adoubé, de construire ces espaces recomposés…dans une toute autre dynamique, une autre perspective, faire critique de la notion d’instant décisif et de proposer des constructions d’images pouvant échapper à la perspective unique, devenir plasticien de l’image, vaste programme, surtout qu’il n’était pas question de reproduire les constructions ouvertes d’Hockney, mais d’approcher ce regard contemporain dans sa capacité à ne pas voir les aberrations, les distorsions, les accidents qui émaillaient certains assemblages, où naissait une certaine étrangeté du point de vue, ou du moins, un flottement du regard.

La première composition fut cet hommage à David Hockney, Piscine & Jacuzzi ou deux perspectives se partageaient l’image, sans que bien des regardants ne s’en aperçoivent vraiment. Que voyaient-ils au juste? s’en fut une longue aventure dont POLAROID SX 70, GRAPHE DE SOI. retrace en partie l’histoire.

Mais revenons au Polaroid avant les constructions, quand, photographe de mode, une vie nocturne parisienne nous faisait voguer du Palace aux Bains, des défilés aux openings et soirées, des galeries et musées aux fashion weeks., Paris toujours Paris…. film joyeux et créatif, il permettait de raconter, d’éblouir… Quelque chose de l’instant préservé, d’un à propos comme dans une conversation avec le monde, la mode, les filles, fantasmes, croisements de présences, baisers volés, aurait écrit Truffaut. Toute une façon joyeuse et moderne d’être au monde… et puis Hockney est arrivé avec son Grand Canyon, peintures à Pompidou, exposition sublime, génératrice de mesures. D’un coup, il fallait se mesurer à cette entreprise picturale, saisir la fragmentation d’un volume, sa force résiduelle, s’adapter aux lois du plan reconstitué, avec un 35 MM…optique native et non inter-changeable du SX.

David Hockney, Influanceur avant l’heure…

L’entreprise devenait ludique ….Il fallait jouer, faire feu; sans aucune thématique pré-établie,  seule, l’envie de se saisir du monde quand il frappait à la porte, était d’actualité. Grands paysages, Architecture, Portraits, Nus, Still Life, autant de prétextes, issus de la Photographie des années 80/90, devant devenir des compositions, jeux de kaléidoscopes…

J’ai aimé travailler avec ces Polaroid SX 70, pour approcher formes, lignes, mystère de l’instant. Ce Polaroïd SX 70 était devenu une matière vivante et grise réservant selon les lots, de bonnes et de mauvaises surprises.  Une matière propre à la photographie immédiate permettait de composer, en consruisant, au fur et à mesure  l’image finale qui apparaissait petit à petit, dans sa propre cohérence, non pas du révélateur dans la laboratoire, mais du lieu même de sa composition. Le pola avait pratiquement disparu il y a peu, l’arrivée des smart phones a mis fin à une forme d’instantanéité et les ombres ont grandi, sans pouvoir se révéler dans un développement rapide; une bonne minute de développement était encore nécessaire, deux fois plus s’il faisait froid, c’est à dire, hier, peu de temps, aujourd’hui, bien trop long, le numérique a supplanté la minute encore trop longue, d’une époque qui courre dans une fuite en avant permanente.

Tout le monde est photographe et c’est sans doute vrai, mais pas vraiment et ça c’est aussi vrai…. Ce décalage de perception de la grosse minute de développement en quinze ans signe une époque où le temps de faire s’est évanoui, quelque chose de l’ombre a grandi sous les soleils trop exigeants de la soif d’immédiateté, de l’impatience, tout, tout de suite, sinon, Rien…. Retour des addictions et des court-circuits dans le cerveau, asservissements, drogues, compulsions, manques, alors qu’en très peu de temps, le petit carré pas carré, format extérieur, 8,8 x 10,7 cm, image 7,9 x 7,9 cm, s’en retournait dans la poche du veston ou le sac à main, à côté du rouge à lèvres et du blush… la soirée s’était éclairée, on rapportait avec soi quelques éclats de champagne, de sourire, de baisers, et tout cela était en mémoire, couché par la surface sensible du Pola… devenu le gardien d’un temps éphémère, plein de la vie des étoiles….

Curieux, le pola revient en ces années 20 qui démarrent…mais ses couts ont été multiplié par deux, voire trois… hédonisme et société de consommation obligent un mariage forcé de l’élégance et de l’argent… triste, quand on y pense.

https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Hockney

https://limagesurlemur.wordpress.com/2013/04/14/les-piscines-de-david-hockney-californian-swimming-pools/

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