CARRÉS MAGIQUES – MONTAGES
Dans une période antécédente, la production des Carrés Magiques a eu pour vocation de s’approprier l’esprit du montage interactif en jouant sur l’assemblage de 25 à 100 éléments, sur des sujets issus de mon environnement culturel, expérience visuelle basée sur une double image ; les sujets sont les autographes des poètes français, un jeu de cartes à jouer original présentant l’histoire de Casanova, la représentation érotique à travers les âges – dessins, gravures, peintures – (Erotica Universalis), ou filmique par le biais du film de Valérian Borowczyk La bête , Sade ou le divin marquis ou quelques nus traités à la façon des peintres dans le secret de l’atelier. Ce qui m’intéressait à cette époque était de me saisir d’un livre, d’une exposition, d’un film, d’une collection, d’une bande dessinée, d’un univers, d’objets appartenant à une catégorie et d’en établir une collection, rythmée par le montage; un montage dynamique où le jeu des associations entre formes, couleurs, unités de plan, narration, pouvait donner le prétexte d’un exercice « poli » de l’oeil et de présenter, dans une perspective décorative, l’essentiel de ce que j’avais retenu. Une solution analeptique s’offrait à un moment du travail d’associations, définie uniquement par le montage des éléments qui devaient dessiner, adresser soit une cohérence ludique identitaire, soit, plus compliqué, une image interne issue du montage à la composition afin d’y superposer une double image, de la rendre plus active du point de vue du regard; celui-ci, en effet, ne devait jamais se lasser de regarder, ni s’épuiser devant le jeu des images et la solution définitive appropriée. La Bête, Erotica Universalis, les Larmes d’Eros, Poétique française en sont les témoins objectifs.
La question était alors: comment rendre compte dans un montage en deux dimensions et en photographie de la « raison » de toute unité, de ce qui définissait un ensemble, du livre publié par Robert Laffont sous le titre « les plus beaux manuscrits des poètes français, ouvrage qui s’emparait à la Bibliothèque Nationale, des autographes et des portraits de certains de mes poètes préférés aux illustrations de Gustave Doré sur les contes – Le Petit Poucet– , des peintures et dessins illustrant les fables de Lafontaine, par Chagall, ou de rendre compte d’un film comme Pierrot le Fou, d’une exposition à Beaubourg sur l’Empreinte, les pochettes des disques de jazz éditées par Blue Note, mille sujets capables de fournir autant d’éléments pouvant être associés et donner l’occasion de déplier, d’énumérer et d’associer, dans un jeu de regards pertinents, les éléments propres à pouvoir devenir des moyens formats photographiques, pouvant être accrochés aux murs de l’appartement et de pouvoir continuer au delà de leur support original, essaimer leur lentes et fulgurantes impressions. Les voyages à l’étranger ont ainsi continué à offrir leur chant, bien après le retour, Sri Lanka, Le tango à Buenos Aires pour exemple. De plus je trouvais l’exercice passionnant… Comment au delà des centaines images, sélectionner, puis associer celles qui avaient la vertu d’être associées, afin que le montage puisse naître et se montrer pertinent, efficace, séduisant? Tout passait par le « feeling » de l’improvisation et le filtre du happening.