Sous la nef du Grand Palais magnifiquement restauré, après cinq années de travaux gigantesques, que s’est tenue, du 7 au 10 novembre, la 27 ème édition de la plus grande foire mondiale dédiée à la photographie; et avec quel succès! Jim Jarmush en était l’invité d’honneur.
Gustave Le Gray, Jean Luc Tartarin, Man Ray, à la galerie Bruno Tartarin.
Historiquement Gustave le Gray était présent au côté de Man Ray, des négatifs de Brancusi étaient exposés, rétro-éclairés dans de petits caissons lumineux à la galerie Photo Discovery/ Bruno Tartarin. La galerie Les Douches, produisait les collages de Man Ray tandis que Edwyn Houk (New York) montrait solarisations et photogrammes de Kertësz...Le secteur Émergence, 23 galeries, se centrait sur les thématiques de la mémoire, de la famille, du corps.
La foire comptait 33 solo shows, de Charlotte Perriand M77 à Gilles Caron chez Anne Laure Buffard, de Sakiko Nomura chez Echo 119 à Hiroshi Sugimoto chez Fraenkel – L’art brut, indéfectible participant, était là avec la galerie Christian Berst art brut et John Kayser. Une vingtaine de duo shows visaient à instaurer un dialogue entre deux artistes, souvent d’époques ou de pratiques différentes. « Ces expositions mettaient en lumière les interactions et les échanges entre leurs approches artistiques, créant des ponts entre les générations et les styles. » Certains de ces duos shows m’ont semblé plus que pertinents: Photo Discover / Bruno Tartarin – Olympe Aguado | Gustave Le Gray , Olivier Waltman – Assaf Shoshan / Aleix Plademunt, Gagosian – Richard Avedon | Tyler Mitchell…
José Valenti, Herb Ritts, Erwin Olaf, Liliroze – éditions Hemeria.
Nombre de galeries européennes, notamment françaises, Polka, Esther Woerdehoff, Clémentine de la Feronnière, Sit Down, Bigaignon, Les Filles du calvaire, Baudoin Lebon, Binome, La galerie Rouge, Les Douches, Nathalie Obadia, Vu, avaient à cœur de présenter généreusement leurs artistes. Ceux-ci travaillent d’une façon contemporaine mais dans un prisme plus sensible, où l’abstraction présente ne dénucléarise pas pour autant ce qui appartient à une photographie en lien avec le visible (et l’invisible), dans une poétique faisant plus étroitement lien avec l’ Être et ses questionnements, sa quête identitaire, mémorielle, ses liens avec la Nature, l’identité sexuelle, toutes situations qui diffractent cette quête de sens dans cette période historique des basculements à l’œuvre depuis la chute du mur de Berlin, renvoyant, au travers d’une écriture en corrélation aux sujets, de constats, de choix esthétiques, une image plus ou moins distanciée, interpellante, surtout, active, voire inséminante, en tout cas, loin des banalités du constat.
Une nouvelle attitude militante, assez lointaine cependant des mouvements de la Contre-Culture américaine, fondée sur une des recherches sélectivement approfondies, pour certain(e)s induit une prise de conscience de la défense de la diversité et du Vivant, en créant une approche documentaire-scientifique, travaux photographiques rendant compte de travaux scientifiques précis. C’était le cas pour la jeune Alice Palot, cherchant à défendre une bio-diversité aux prises avec le changement climatique, le problème des algues vertes en Baie de Saint Brieuc pour exemple traité par des monochromes verts et rouges. C’est l’occasion de dire aussi, face à la dégradation du monde, nos résiliences.
Filigranes éditions, Patrick Le Bescont avec Henrike Stahl pour son livre L’Arc sera parmi les nuages, Galerie Les Filles du calvaire, deux jeunes femmes devant le prix Swiss Life récompensant une œuvre originale conjointe entre photographie et musique, installations devant le travail de Kourtney Roy (photographie) et Mathias Delplanque (musique) pour Off Season , Sir Don McCullin, signatures chez Ghost Editions de Life, Death and Everything in Between.
Sur un plan plus général le grand livre ouvert de Paris Photo 2024 donnait à considérer, la photographie dans tous ses champs, dans toutes ses écritures, dans ses affirmations et ses fascinations, dans cette recherche de l’équilibre et de la perfection, comme un être toujours en quête de lui même, toujours dynamique, prenant, sur ce chemin de libertés et d’expérimentations, de conscience de l’identité des démocraties en danger, dans leurs modes de vie, dans leurs libertés d’expression, dans leurs critiques sociales, dans un champ que seule l’expression, l’expérimentation, la concentration d’une approche singulière et authentique vécue peuvent déployer de ce fond d’identité commune faisant toujours, ici, encore socle pour une culture de la différence, de la tolérance, de la singularité, de l Éros et des combats à mener, produisant ces œuvres qui circulent, au fond de nos sensibilités, de nos imaginaires et qui font sens. Pour comparaison, l’exposition d’une photographie chinoise au Centre Pompidou en dit long sur ce focus politiquement correct, Art Officiel pouvant s’exposer dans le faux-semblant d’une expression libre, comparée à cette effervescence de paris Photo 2024.
Lire mon article complet paru dans l’Autre Quotidien et sur ce site à l’onglet articles
https://www.parisphoto.com/fr-fr/exposant.html
https://www.parisphoto.com/fr-fr/programme/2024/paris-photo-aperture-photo-book-awards.html
https://www.parisphoto.com/fr-fr/exposant/Secteur_Digital.html
…Reportage photo Pascal Therme & Olivier Brunet.