LE DOMAINE DROUHIN-LAROZE DANS SES BONNE MARES.
Lors de mon reportage en Côte de Nuits, je rencontre le prestigieux domaine Drouhin-Laroze, d’abord dans ses Chambertins, puis l’après-midi au seuil de vendanger un de ses Grand Crus classés, Les Bonnes-Mares, situés à la sortie de Morey Saint Denis. Il fait un temps magnifique, cette partie de la Côte de Nuits est prodigieuse, belle, et le Clos des Bonnes -Mares a un charme visuel particulier, cis dans une petite dépression, il a ce je ne sais quoi de mystérieux et de magique, d’envoutant. Sa pente est assez douce, son exposition au soleil parait idéale, la forêt qui ceint la colline en haut des rangs de vigne l’enclos naturellement en lui accordant, j’imagine cette fraicheur matinale, vespérale que l’on doit retrouver en dégustation. Il est vrai que les viticulteurs sont intéressés à la qualité des sols, la vigne plongeant ses racines très profondément, ici, dans ce sol, tout en dalles de calcaires et de marne blanche, couvert d’une terre argilo-siliceuse, graveleuse passant du brun au rougeâtre. Le dictionnaire du vin précise » qu’on y distingue ainsi deux types de sol : dans la partie supérieure du coteau, Les Terres Blanches composée de marnes calcaires riches en fossile et plus bas, Les Terres Rouges, un sous-sol argilo-calcaire avec des roches compactes du Bathonien (datant du Jurassique moyen). »
Il est nécessaire de s’éprendre des meilleurs vins, leur compagnie est des plus salutaires, en eux repose un temps magnifié, auguste madeleine proustienne qui vous fait contemporain d’années passées, révolues, et pourtant si présentes en ce verre, une sorte de miroir magique invite, en fermant les yeux, à une traversée du temps, dons majeurs de la vigne et du vin, puisque s’opère en un instant choisi une des plus grandes alchimies, un enchantement qui ne vous trahira pas, la présence du mystère et la magie de la joie. Il faut entrer dans les chais pour « gouster » aurait écrit Rabelais ces grands Crus, où s’affirmeront sur le palais du connaisseur les qualités les plus subtiles, issues de la terre et des fruits, des fleurs, des sous-bois, des champignons, voire de parfums cette fois, non plus issus des fruits ou des fleurs (on pense à Verlaine) mais aussi d’animaux sauvages, de civettes entre autres…. Quand le vin a bien dormi et qu’il a substancialisé son corps subtil, transcendé ses arômes, il devient le rêve même; Les Bonnes-Mares portent en évidence les parfums de framboise et de myrtille, dans une belle bouche où se discernent également le bouton de rose, le lilas, la violette. La garde va au moins jusqu’à 20 ans pour les belles années et sans doute au delà pour les années exceptionnelles. Il parait que sa concentration est sans égal. Laissons au dictionnaire du vin le soin de parfaire cette note, en toute simplicité: « Son rouge vermillon tape à l’oeil. Quand on s’y approche, quelques discrètes notes de bourgeon de cassis et de fleurs nous parviennent au nez. En bouche, les épices et les arômes de petits fruits rouges apparaissent à l’aération et la réglisse vient ponctuer l’ensemble pour lui donner du caractère. On peut aussi distinguer la douce saveur de la rose apportant finesse et style. L’harmonie de ses accords lui donne de la profondeur et fait de lui un vin dense et superbe d’une élégance incomparable. »