LA SAGESSE D’EROS.

web-Histoires-de-Bérénice LA SAGESSE D'EROS. LA SAGESSE D’EROS ET SON MULTI-PERSPECTIVISME

 L’EXPÉRIENCE DES MÉTA-IMAGES EN FRAGMENTATIONS

Il est question par la Sagesse d Eros de  la reconstruction de soi, l’acte créatif  comme l‘art du kintsugi, art traditionnel japonais qui consiste à réparer un objet cassé en soulignant ses cicatrices avec de l’or au lieu de les cacher.

Il y a une vision politique critique qui se dégage  dans ces grands paysages, cette façon de déborder l’unité de la représentation unitaire, unifiée, images lisses, paysages et portraits entre autres,  de mettre en scène un regard agi par les ruptures du réel, à travers une discontinuité du regard, ce qui me semble être plus actuel et plus juste dans l’exercice d’une photographie qui cherche à fonder le réel de ses représentations en rapport avec une critique actée des pratiques historiques qui les régissent.

Ces montages, construits par de nombreux éléments autonomes séquencés recomposent une unité, faisant Image et se voulant une critique à la notion de plan régi par la perspective unique et le fameux instant T.

Ce travail est donc issu d’une intention plasticienne ludique ouverte à ses inspirations, relevant également de cette « Sagesse d’Eros », cherchant à mouvoir puis à dé-penser les représentations du monde dans une attitude critique pour faire sens en retour.

LA SAGESSE D’EROS ET SON MULTI-PERSPECTIVISME, temps et espaces fragmentés

Trois périodes de création se sont succédées entre 1998 et 2008/

1/ La première où j’utilise ce Polaroïd SX 70 muni d’un 35 mm et les films du même nom, a donné nombre d’ expérimentations  dont ici

   Piscine & Jacuzzi, en hommage à David Hockney, assemblant deux perspectives différentes dans le même plan,

   Le Vase d’Or, construit à partir du centre, le vase est éclairé à contrejour de la lumière du plan, qui, en situation normale serait sombre. Il s’agit là d’une intention picturale et d’une création à partir du centre dans un mouvement circulaire qui s’échappe vers le haut. Certaines actions du montage en direct et en voyant, ont nécessité de bouger toute l’installation de la table, afin que les fonds soient possiblement en harmonie avec la totalité de la composition.

   Histoires de Bérénice, a été réalisé dans la continuité d’une narration photographique, en 2006, au SX également. La prise de vue s’est faite en voyant, c’est à dire en juxtaposant les éléments au fur et à mesure de l’histoire qui semblait s’écrire toute seule.

Pour une meilleure lisibilité, les marges blanches  des polaroids, qui juxtaposaient une grille sur l’image ont été supprimées, ce qui a entrainé une seconde période de création où les prises de vues se sont faites sur films ektachrome ou négatifs couleur, troquant le 35 mm pour de court téléobjectifs, permettant une plus grande fidélité de la restitution de la couleur comme une plasticité supérieure du montage, dans l’augmentation du nombre d’éléments des compositions.

2/Avec et sans marges blanches, Ici Big Brother is Watching you, 54 éléments,

Jessica, 9 éléments,  qui est une critique revendiquée de la notion d’instant T en contrepoint de son d’instantanéité reconstruite par la reconstitution d’un instants en 9 instants, dans une continuité de mouvement,  l’unité du temps est donnée par un déplacement du regard sur un sujet en mouvement, Jessica se déshabille, se met à nu, dévoile le mystère intime de sa beauté…. Sagesse d’Eros, suspension de l’attention, un autre temps se superpose à la prise de vues qui se reconstruit de soi, par la continuité du regard.

3/ Puis il y eut les Grands Paysages, qui reposent au fond de l’oeil. Rocs Rouges, Désert Blanc, au Brésil, Savage Road en Irlande, les calanques de Marseille, l’architecture du toit de la Cité Radieuse et bien d’ autres… comportant un nombre d’éléments croissants, donnant lieu à des expériences plus complexes, dont la prise de vues en aveugle, puisque le développement des films ne pouvait se faire qu’au retour du voyage et que les lois de composition, de passage du volume au plan n’ont rien de naturel.  Ce Travail toujours expérimental s’est appuyé sur le rythme, la couleur, le flou et le net, la modulation du point de vues, inventer un travelling intérieur à la prise de vues, déplacer le regard, raccorder plusieurs points de vue, autant d’opérations secrètes qui ont permis de ne pas simplement établir un relevé métrique sur pied, comme le font les architectes, mais mains levées, au feeling… c’est à dire en sollicitant l’intuition de l’espace, cette vision intérieure qui dépasse de loin le travail mathématique de la grille.

Pour clore ce cycle

La Sagesse d Eros, ici est une  approche de l’espace du rêve, ou le plan reconstitué des 40 éléments que forment la composition Julia on the Hill s’avère plus particulière; les éléments sont fusionnés, n’apparait plus qu’une grande photographie unifiée, dont la situation du personnage parait lointaine, non conforme à la perspective, induisant un autre espace mental, proche de l’onirisme, espace des rêves où une distorsion de l’espace physique  a lieu. Aucun objectif ne peut rendre compte de cet perception et de son irréalité.

Seule l’attitude plasticienne de décomposition puis de recomposition a su le manifester, le ciel et les sutures ont été ré-écrites afin de na plus perturber par la discontinuité cette approche où se découvre une traduction de l’espace dans les rêves.

En conclusion, ces Méta-images se situent entre Apollon et Dionysos,  entre l’instance solaire de la Raison et sa mathématique, et l’inflammation des sens, venus contaminer cette intention première, lui donner chair et esprit (autrement), pour maintenant y voir cette Sagesse d ÉROS  – la connaissance de l’Amour des quatre éléments – qui se déploie et dont la résultante serait une augmentation de la liberté intérieure de soi…

Cette sagesse d’Eros ne se résume pas à un quelconque concept mais dé-couvre le chant du réel dans sa plénitude sensible quand l’élégiaque beauté fait les yeux d’or, sollicitant la Mimesis au sens platonicien, (Platon, Aristote, ne pas reproduire le réel, mais exprimer la dynamique, la relation active avec une réalité vivante).

On peut conclure également qu’il s’est agi de happenings visuels qui se sont coulés ainsi dans la photographie dans une recherche de modernité et de sens, exprimant le Poïen grec des anciens, c’est à dire toute une poétique classique sous-jacente à la recherche de ce qui est vivant en soi, attitude semi-consciente, intentions positives, qui recentrent le monde et permettent de le vivre dans son originale beauté.

Une beauté fragile, dans ces équilibres précaires, a fait oeuvre.

Pascal Therme

https://pascaltherme.com/portfolio/time-out-fragmentations-meta-images/

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