PRÉSENTATION GÉNÉRALE:
Suite à ses études de Lettres, dès 1988, Pascal Therme est associé pour sa photographie à la mode parisienne, aux côtés des Couturiers et des Marques les plus prestigieuses. Durant toute cette période, il poursuit une création visuelle à partir des expériences de décontruction de l’image. Ces expérimentations s’appliquent à tous les sujets traités par la peinture, Nus, Portraits, Paysages, Architectures, Intérieurs.
L’objet en est un renouvellement de la vision et s’appuie sur l’expérience de David Hockney, Le Grand Canyon, sur l’héritage du Cubisme à travers un certain multi-perspectivisme, sur l’héritage formel de la Nouvelle Vague du Cinéma. Ses montages, construits par de nombreuses photographies, éléments autonomes, séquencés recomposent une unité, faisant Image, souhaitent échapper à la perspective unique (camera obscura) et au temps décisif, couple fondateur de toute photographie, dans une approche différente de ce qui fait image, photographie.
Ses compositions ont utilisé plusieurs supports comme le Polaroid SX70 et son 35mm, puis l’ektachrome et le 105mm, le 180mm et se sont placées sous l’égide de la Sagesse d’Éros, concept articulant le plasticien et l homme de Lettres, de l’être, dans une écriture originale, voire originaire.
En utilisant le montage de ces éléments, mu par différents principes directeurs, occurrences multiples, Pascal Therme cherche à réintégrer l’Harmonie secrète du Songe (le songe d’une nuit d’été ) à travers la discontinuité du monde, dans un miroir brisé, puis recomposé. Cette discontinuité fait rythme, si bien que les montages semblent toujours se renouveler, ondoyer, respirer. Une part du Vivant y semble inscrite, entre Apollon et Dionysos.
Ces montages sont proposés ici sous la forme de tirages de qualité, en différentes tailles.
Une beauté fragile, dans ces équilibres précaires, a fait oeuvre. Ce Travail toujours expérimental s’est appuyé sur le tempo, la couleur, le flou et le net, la modulation du point de vue, un travelling intérieur, différents points de vues et perspectives, cherchant à travers les territoires, à construire une Unité, pour s’approcher de l’Harmonie musicale du songe dans ses correspondances visuelles. Tout un travail plasticien inspiré.
Ces tableaux photographiques proposent une Poétique de l’Espace et du Temps recomposés, retrouvés, aux couleurs éclatantes.
Les sujets abordent les catégories des Grands Paysages, du Portrait, certains espaces intérieurs, Nu, Architectures, tout sujet traité par la Peinture, pris ici comme sujets, regards (garder à nouveau), plus, dans une approche constitutive du Voir, production critique mettant en jeu les pratiques « éternelles » à mon sens conditionnées historiquement, heuristiquement par l’Instant Décisif et la perspective unique, définissant un classicisme formel, guide de toute une période de la photographie humaniste.
Fragmentations et Méta-Image Techniques:
A partir d’un balayage vertical et horizontal improvisé, à mains levées, de l’espace, je décompose, parfois sur plusieurs axes, mon sujet, à la recherche d’une plasticité du regard dans la découpe de ce qui s’offre à l’oeil, ou que je mets en scène, selon l’optique utilisée (du 35 mm au 180 mm ). Au montage, par le jeu de l’association des nombreuses photographies, appelées éléments, je re-compose l’unité approximative, non homogène, de mon sujet. J’utilise dans la direction artistique recherchée, les différentes occurrences, règles, afin de produire une oeuvre autonome et originale, qui rende compte de cette vision fragmentée, en relation avec une perception dite moderne, étant plus déterminé par les ruptures du Réel que par l’idéologie d’une représentation unifiée, univoque, unilatérale, classique. Il s’est agi de trouver une écriture qui rende compte de ma perception du monde et de ce qui faisait pour moi regard. Ce fut l’abandon de l’instant T, voire de la recherche de l’instant décisif de Cartier Bresson et de la perpective unique de la Camera Obscura.
Jessica, 9 éléments, Paris
EYES WIDE/WILD OPEN est issu d’une définition théorique liée à une approche multi-perpectiviste et au renouvellement de la vision dans deux références prestigieuses, celles liées au Cubisme et au Pop Art https://fr.wikipedia.org/wiki/Pop_art à travers David Hochney.
La finalité a été de faire jouer et de mettre en scène ce regard dont la rupture de la continuité est une marque de ce temps. Agir un renouvellement de celui-ci à travers les ruptures du réel et libérer un certain nombre d’occurrences liées à la prise de vues puis au montage, rapprochant cette pratique des installations, du dé-ploiement du sujet de la composition dans un dé-pliement, par une écriture spécifique, afin que le sujet traité puisse s’établir définitivement dans l’espace du Voir ( le ça voit lacanien), est cette pratique que Jean Claude Lemagny qualifia en Arles de sculptures photographiques en 2008.
Ce regard cherche, dans l’intimité de sa réalisation et des différentes opérations nécessaires à celle ci, à interroger de concert à la fois la plasticité des sujets abordés et ce regard « moderne » toujours sollicité, envahi, débordé, au bord de l’implosion, comme un retour à une certaine surface, se reconnaissant parfois dans le mouvement Supports/Surfaces dans sa critique de la profondeur, dans l’élection du seul sujet qu’est la peinture pour elle même, sans aucune projection d’ordre historique, mais comme un fait brut.
Hic et Nunc. Ici dans mes compositions se condensent toutes les approches picturales, représentations, à travers le geste photographique posant sa pratique dans une contamination des langages esthétiques et picturaux.
Time Out: Fragmentations et Méta-Images pose la question du regard et de ce qu’il voit, perçoit, aperçoit. Un retour de conscience se fait là où se réfléchit la question: qu’est ce qui fait photographie, regard, aujourd’hui en photographie, non pas d’une façon abstraite, intellectuelle, mais dans son champ perceptif, dans une représentation sensible.
Time Out: Fragmentations et Méta-Images, Plastique et méta-psychologie.
En sollicitant le rêve et sa dynamique psychique, le rapport à l’invisible, au caché, au contenu latent, au secret, le photographe, ce graphe de lui même, passe de l ‘éblouissement devant le sujet à son souvenir, puis du passage du rêve à sa trace, (entre les prises de vues et le montage).
Le photographe pour obtenir quelques gains, grains du réel – traces de sa propre vérité et donc de son être là – est obligé de construire une pratique en plusieurs temps, nourrie de différents types d’ interventions. Il est à son écriture et celle ci lui imprime l’obligation finale d’emprunter le chemin du songe, de la rêverie, du rêve éveillé, guide invisible de sa propre Psyché, dan une certaine involonté et une intuition effective, sollicitant ses cinq sens, pour faire œuvre, faisant bouger le sujet, paysage, portrait, nu, le soumettant à sa structure, puis à ses formes, le décomposant par éléments (le corps osirien), afin d’en extraire toute la substance, tout l’interdit, toute la profondeur et la surface, dans une permanence de l’immanente Beauté. Est-il à ce moment ce contre-Chronos dévorant?
En établissant ce processus psychologique, mythographique, le photographiant suscite plus intimement une métaphysique du désir et du jeu, pour retrouver plus secrètement une proposition de partages et d’éveil. Il se pose la question égale de l’écriture et du sens de sa pratique, tout en laissant la photographie inscrire en lui les traces de cette aventure toujours particulière, afin de faire retour sur sa vie, positivement. Il s’agit d’ouvrir les yeux éluardiens de l’âme, yeux fertiles à l’horizon des sur-réalités, dialogues avec l’invisible enchantement des Romantiques, franchir les portes de la perception pour forger l’expérience poétique visionnaire dans une écriture multiple, moins ambitieuse que fondamentale.
Time Out: Fragmentations et Méta-Images; Cette galerie comporte différents types de travaux, ceux issus en premier, des compositions réalisées dans une première période, à partir des Polaroids SX 70, début des années 2000, dont les bords des Polaroids ont été coupés, afin de ne plus voir la grille blanche du montage s’imposer à l’oeil dans sa signature hockneyenne et de s’approcher d’une image fragmentée uniquement par les rapports, raccords de plans. C’est ensuite le recours à des focales plus longues que le 35 mm, du 85 au 180 mm pour multiplier le nombre d’éléments et entrer dans une plasticité de l’image plus grande dans son rapport format final / nombre d’éléments et de faire jouer plus, les rapports de surface.
Enfin une troisième période s’impose dans la fusion des sutures, des décalages entre les images, afin de lisser soit totalement, soit dans un pourcentage élevé, la composition finale. Julia on the hill , réalisée au Connemara est faire de 40 photographies sur un angle d’environ 280/300 degrés.
Aucune optique ne peut dépasser le champ de la vision, Le montage, la distorsion du champ photographique qui en sont nés, occasionnent une perturbation de la spatialité intérieure, le personnage semble s’éloigner, comme dans l’espace du rêve.
De l’hyper netteté, du premier brin d’herbe à l’infini des montagnes, une perspective grandiose, au 105mm, se présente sous la forme d’une simple image évoquant un travail à chambre 4×5 inches, par le rendu de tous les éléments.
Plus que cela, elle est pour moi, devenue l’espace même du rêve photographié. Cela est du au plan reconstitué . La petite fille en rouge semble flotter, perdue dans l’espace, alors qu’elle a été photographiée dans le même rapport de plan, donc, proche physiquement. La voilà déplacée par toute la composition, comme re-située dans cet espace du rêve éveillé, où tout semble normal, mais où tout est étrange.
©Pascal Therme, Juin 2021
https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2013-2-page-221.htm
un lien: David Hockney page
©Pascal Therme, Juin 2021