Conçu comme une intervention particulière pour des manifestations singulières, ces reportages engagent ma photographie sur ce que les événements ont de spécifique pour communiquer…, dans un souci de justesse et de « bonne » lecture des oeuvres. Quand ce sont de « grandes » expositions particulièrement comme celles du
Centre Pompidou, du
Grand Palais, de la
Fondation Cartier, du
Musée Guimet, du
Musée Rodin, du
Château de Versailles, etc… ma photographie est créative relativement aux thèmes développés. Ma formation littéraire et artistique me permet une lecture des oeuvres exposées – en tant qu’artiste également, elles me sont parlantes – quand je les découvre, elles viennent se joindre, inséminer ce besoin d’écritures à propos de…, qui fait sens sur plusieurs niveaux et permet de produire une réflexion active en retour de leur être là, privilégiant le lien des dialogues vivants. En quoi me sont-elles toujours connexes et séduisantes…en quoi m’incitent-elles à les voir poursuivre leurs cheminements pour en mesurer leurs prodigalités…C’est à ces énigmes que je tente de répondre par la créativité, la création et le dialogue. Si les œuvres exposées me sont parlantes, une discussion peut en naître, en tout cas un désir de production se joint à l’évènement, et sur la physique même du lieu, certaines images se font de la présence des publics, ici une robe rouge répond à ce bleu, une silhouette renforce la présence de ce personnage peint, les corps sont parlants, ce couple qui sort du champ répond à ce grand portrait qui regarde…un monde habité en ses envers et ses réalités de plans…
Il n’est pas rare que je produise un petit dispositif lié à ces lectures, que j’en dégage, selon leurs principes, une forme particulière d' »acting », où se joue une contamination du regard entre ce qui en émane et ce qu’elles provoquent en moi. Pour exemple, l’exposition de Bruce Nauman au vu de l’installation de anthro/socio rinde facing camera demandait une prise de vue large (déployer l’espace) et reconstituée (mettre en exergue les projections et les écrans de formats différents dans un espace plus large que le champ visuel) pour traduire le fait que son côté obsessionnel ait envahi l’espace et décomposé le temps linéaire de l’écoute des mots prononcés. L’obsession, figure maîtresse de l’installation opère en soi une transposition des repaires Espace/Temps pour s’inscrire dans le choc de la restitution du Trauma… Au format panoramique, le champ couvert est de 280 degrés..La restitution de l’émotion vécue au contact de cette installation dépasse le cadre classique d’une prise d’image simple, c’est une Création sur une Création, au delà des « restitutions » simplifiantes ou illustrantes.
Bruce Nauman à la fondation Cartier
De même pour Le Corbusier au Centre Pompidou, Bill Viola au Grand Palais, Richter qui a donné lieu à une publication des photographies liées à une oeuvre en particulier, les 5 grands verres exposés en regard d’un public qui passe sans vraiment s’arrêter et qui fonctionnait pour moi comme un capteur d’images se reflétant, une sorte de machine invisible, miroir muet, par lequel l’accumulation des verres opérait, au delà du matériau, une déformation des silhouettes, plus métaphoriquement, une condensation d’apparences, une sorte de chambre photographique au dépoli géant, comme pour signifier l’apparence fluctuante du monde, dans un mouvement permanent. Série parue dans l’Oeil de la Photographie.
Reportages photo expositions, concerts, Opéra, Festivals en donne autant d’exemples, destinés à une Communication qui accorde toute ces valeurs en restitution des Oeuvres exposées et conséquemment dans une intelligence supplémentaire, liée à leur réception. Le photographe, en tant qu’artiste, auteur, se trouve en quelques points à la position du passeur, dans un besoin nécessaire de Traduction, de Relais, par rapport aux oeuvres majeures exposées.
Reportages photo Expositions, Concerts, Opéra, Festivals… ces reportages sont conçus pour rendre un témoignage visuel de ce que j’ai perçu, assez fidèlement pour rendre compte, il y a toujours une très belle matière à produire des images justes et non pas juste des images...(pour reprendre Godard) C’est d’ailleurs là tout l’intérêt. J’aime à penser que ces « images » forment la carte d’un territoire propre et signifiant au service des oeuvres.