Un Pape rouge, un Ming Noir et un Rancinan souriant.
Un Pape rouge, un Ming Noir et un Rancinan souriant.
Question rémanente à la fois chez le peintre, surtout chez Ming, le Pape et le photographe, dont les fonctions sont toutes ambassadrices, évocatrices et , petit hasard de la langue française, ces trois-là dans leur fonction commencent par un P.
Une scène de référence, une scène de mort, funèbre donne l’intensité dramatique de la perte; est-ce l’homme, le pasteur d’âmes, un chef politique comme il en fut de Mao, un personnage ambigu, visage glacé et émacié, pris par la mort, comme il en fut pour d’autres raisons chez Ming, a-t-il souffert(?), que s’est-il passé (?) est-ce aussi pour Ming une reprise de Bacon (sans aucun doute) et de ses Papes si imposants, est-ce au final une allégorie, une métaphore, la mort du Sacré, du politique, la fin des temps, la célébration de la peinture de Ming qui retourne tous sujets pour s’approprier l’évènement pictural que celle-ci va devenir, à travers un faisceau de questions, d’interrogations, (la preuve), et de la photographie de Gérard Rancinan, qui commue le portrait du peintre dans une mise en abîme évidente, pour s’emparer de la persona du peintre officialisant sa stature devant l’oeuvre.
Cette photographie prise par un anonyme enregistre un glissement de sens entre les trois acteurs représentés en cascade? Qui célèbre quoi? La peinture de Ming interroge la mort d’un Pape (lequel), le photographe Rancinan, lui, interroge la présence de Ming, assis, devant sa toile comme un Maître, et l’anonyme lui, photographie Rancinan devant le portrait de Ming, devant la peinture du pape mort, en rouge.
Photographie blanche puisqu’elle note la densité secrète et avérée des champs symboliques pratiqués par ces trois là… Le photographe est aussi dans l’image en tant que corps et présence, doublement silencieux, puisque muet dans son attitude et parlant dans sa photographie. Ici une connivence s’est installée depuis longtemps avec le Peintre, fondant une sorte d’altérité complice et amicale. Ming s’inscrit dans sa peinture, dans l’épaisseur et la fluidité de ces noirs et gris, de son rouge, dans ces scènes historiques, et Rancinan, dans l’inscription de la figure du Peintre, au devant du corps de sa Photographie. Effet d’échelles, qui officie en réalité? Est-ce ce Pape allongé dans la Mort, corps en diagonal, ou celui de Ming (verticalité oblige et maintien de la posture), mais assis, ou encore la présence au premier plan, celle de Gérard Rancinan, qui aime à se représenter dans un petit gif, comme un peintre new yorkais, non moins célèbre?
Comme Rancinan, est toujours représenté dans cette posture, très officielle, très politique, un devoir de présentation prend en relais le devoir d’exposer, tout est-il visible ostensiblement, ou, sommes-nous encore dans un secret? Ceux qui animent l’art et la création, recherchent -ils la fiction, la légende ou la médiatisation wharolienne, la viralisation de l’œuvre dans un pré-discours publicitaire a minima très communiquant… ?détourner internet, Facebook, vaste rigolade des réseaux sociaux, une monstration, échelle de l’auto-citation a pris le relais, un théâtre de situations joyeux s’invite alors dans l’espace sur médiatisé des réseaux sociaux… mais ici, ce qui échappe à l’intention toute simple de juste prendre date de la sortie du superbe tirage du laboratoire photographique, s’invite toute l’histoire d’une complicité, la résonance des œuvres ainsi offertes à l’objectif impersonnel du smartphone, comme si un œil mécanique faisait déjà Histoire, document, dans les preuves affichées collectivement. Bords de l’Histoire, équilibre des corps et des forces, Noirs et Rouges, offrent leur densité à l’œil socialisé qui entre en résonance… Une Vérité s’affiche, celle de chaque expression….pour un plaisir volé, à la dérobée…dans le jouir des espaces médiatiques…
Un Pape rouge, un Ming Noir et un Rancinan souriant.
Pascal Therme le 14/05/18 dans l’Autre Quotidien
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