AZIMUT-TENDANCE FLOUE
AZIMUT – LE JEU EN VAUT LA CHANDELLE, MAIS QUELLES EN SONT LES RÈGLES
Azimut, débutée le 1er mars 2017, et toujours en cours actuellement, AZIMUT est une marche photographique de 6 mois à travers le territoire français, menée en relais par 30 photographes. L’itinéraire de chacun est libre. Chemins creux ou routes goudronnées, lignes droites ou sinueuses, les marcheurs-photographes n’ont qu’un horaire à respecter : être à l’heure au rendez-vous fixé à celui ou celle qui lui succède.
Pascal Aimar ● Thierry Ardouin ● Denis Bourges ● Antoine Bruy ● Michel Bousquet ● Guillaume Chauvin ● Gilles Coulon ● Olivier Culmann● Pascal Dolémieux ● Bertrand Desprez ● Gabrielle Duplantier ●Gregoire Eloy ● Laure Flammarion ● Léa Habourdin ● Mat Jacob ●Marine Lanier ● Stéphane Lavoué ● Julien Magre ● Bertrand Meunier ●Yann Merlin ● Meyer Flou ● Julien Mignot ● Marion Poussier ●Kourtney Roy ● Mouna Saboni ● Clémentine Schneidermann ● Fred Stucin ● Flore-aël Surun ● Patrick Tourneboeuf ● Alain Willaume
Ce nouveau projet de Tendance Floue se veut résolument ouvert. Trente photographes, dont dix-huit invités du collectif, en dialogue avec des écrivains, dessinateurs, peintres, scientifiques…
A travers ces parcours, Tendance Floue souhaite faire l’expérience paradoxale de la liberté et de la contrainte qu’offre la marche. Le ralentissement du temps, la soumission à la météo et l’épuisement du corps changent le rapport aux lieux traversés, aux paysages découverts, aux rencontres possibles produites par ce lent déplacement. Le vertige de la liberté, la griserie de cette disponibilité rare à soi-même et aux autres, l’inhabituelle acuité du regard sur ce qui environne, tout autant.
A voir les deux premières couvertures d’Azimut, se dégage un alphabet graphique de A à Z, alpha et oméga des expériences suscitées par cette entreprise du collectif aux vingt cinq années TENDANCE FLOUE.
Ce nom si significatif sonnait déjà comme une altérité non déguisée, il y a 25 ans, s’opposant au tout net, à la résilience d’une certaine photographie de presse, creusant le sillon des Auteurs, affirmant une esthétique documentaire revendiquée et plus libre, plus ouverte et sans doute plus pertinente. Au fond que se passe t il quand on scille des yeux, ne retrouve t-on pas ce flou pictural qui ouvre une perception visuelle plus essentielle, exercice bien connu des peintres, et qui, associé au silence, à l’écoute, permet de Percevoir plus que de voir, pratique reliée aux mystes grecs et aux cultes à mystères de l’antiquité classique. Tendance Floue, Devin des temps modernes réinscrivant le pelerinage mémoriel au delà de sa mémoire chrétienne et dans les ombres claires des paradigmes d’alors? Corps cherchant l’illumination; un autre marcheur parcourait les chemins creux de Charlevilles Mezières à Charleroi il y a 150 ans….
Tendance Floue, résolument moderne et libertaire ne l’entend pas comme ça, objectiver le temps vers plus d’intensités, auto-fictions, jeux avec la route et ses aléas, errances, souffrances, peurs, pertes, puis rencontres au petit bonheur…on se penche, on traverse, on s’éprend et enfin on aime ces Territoires français, par immersion physique et méta-physique dans le pays sage, aux heures où celui ci respire secrètement, entre chien et loup, sous le plein feu des soleils de midi, dans la mi-nuit, sous la lune argentée, sous la pluie et contre les brouillards….
En quelques points non revendiqués, chemins de Compostelle, épreuves physiques des corps, silence intérieur, visions déconditionnées de toute commande, libertés assumées des textes, ce qui s’écrit ici, ce qui s’y perçoit, s’y dessine, plus que s’y voit, me semble appartenir à une voie libre et à une forme d’inscription dans la réalité multiple de cette France paysanne, régionale; retour aux sources des pays traversés et de leurs populations, événement en soi pour qui, suit chapitres après chapitres la pérégrination aux multiples visages. L’extrême qualité des textes renforce l’intelligence de l’expérience dans un rapport dialectique entre le parcours physique de la marche, la fréquentation des chemins aléatoires, et la quête de soi. Tous avouent le bonheur de ces solitudes de 5 à 7 jours et cette quête d’une paix singulière. La photographie est ici un pré-texte et un but, mais comme l’énonce la ferveur populaire, ce qui compte est moins le but que le chemin. Quoiqu’il en soit, à la lecture de ces deux premiers numéros, il apparait que nos photographes marcheurs ont trouvé ce qu’ils étaient venus chercher. Objectif atteint. Le pré-texte a accouché des textes et photographies publiées. Pertinence donc de l’expérience.
Ces deux numéros, passionnants, essentiels, indispensables, documentent l’ Intimité de chacun. Le récit comme une marche invente l’expérience de cette intimité psychologique en dévidant le labyrinthe intérieur qui retient prisonnier. Chaque pas est un acte créatif, chaque enjambée, une libération, mécanique quantique, qui joint les temps obscurcis de l’époque vers plus de clarté, poème lacté, silences où jouent les surfaces sensibles de l’âme, et les mots…la poésie de la marche emporte le marcheur, loin de sa nuit et de ses peurs, dans le silence orphique de l’aube, vers la naissance du jour aux doigts de rose. A lire ces récits m’est venu la douce métaphysique rimbaldienne, ce héraut des champs d’honneur et loin des mièvreries, ce retour du chant dédié à Vénus, j’imagine l’illumination de la marche aux vers rapportés et si connus, si brillants: « J’allais sous le ciel, Muse! et j’étais ton féal; Oh! là! là! que d’amours splendides j’ai rêvées! «
C’est en parcourant ces chemins, sous la pluie, le soleil, au matin et par les soirs que se fait l’expérience d’une libération, à ce moment du rapport écrit, tout est juste et se donne. On le voit aux épreuves traversées, et à la confiance plus ou moins forte de chacun, le chemin porte secours, après les doutes, les peurs, les découragements, le réconfort d’une soupe chaude offerte, l’improbable hospitalité trouvée au dernier moment, l’in-supposé arrive, paré de miel.
Dans ce second numéro 620 kms seront parcourus par cinq photographes marcheurs: Marion Poussier, Denis Bourges accompagné de Guillaume Friocourt, Pascal Aimar, Alain Willaume et Patrick Tourneboeuf – de Saint-Léger-sous-Beuvray à Guéret.
Marion Poussier ré-écrit à partir de son départ le 10 Avril un texte qui ne cesse de revenir au même point de départ tout en s’accroissant et en changeant l’intensité des éléments qui le composent, retour en arrière , retour en avant, circularité élargie… Marion revisite en permanence ce point de départ pour le comprendre, approcher le mystère des événements qui s’y enchainent, essayant de situer dans un mouvement d’inscription, cette mémoire qui tremble et qui, comme du temps du Nouveau Roman, était l’occasion de revisiter la narratologie, l’énonciation romanesque…On pense à Robbe-Grillet et encore à Borges. Une cartographie des sens stimule les souvenirs, l’anamnèse répond à l’oubli, où, à ce qui se gomme « naturellement » malgré nous. L’intention de la photographie est toujours pertinente, elle superpose à la réalité le réel de son fonctionnement et de son désir.
Denis Bourges est accompagné de Guillaume Friocourt, ils marchent du 19 au 24 Avril, temps des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Tiens, on se dit que l’histoire s’accélère tant l’événement que constitue la marche passe au premier plan. L’abbaye de Sept-Fons les accueille, plongés dans le silence par la loi trappiste austère, succèdent à la polyphonie des couteaux, verres et fourchettes, les intentions de vote d’Esmeralda, (qui cette fois ne donnera pas sa voix à Marine! ), baronne du château de Paray-Le-Frésil. Récit court et cocasse, ainsi en va-t-il des aléas des routes et des chemins de France, le récit est factuel et informatif, jouisseur, bourlingueur. Un petit coup de Cendrars et vous m ’en direz tant… la plaisanterie est au rendez vous, on inventerait bien quelques contes picards, aigrelets, rigolards ou drolatiques, mais voilà …on en restera là. Dommage!
Du 25 Avril au 1 Mai Pascal Aimar échoue à la clinique Pôle Santé République chambre 415. Alain Willaume prend le relais du 5 au12 Mai, puis Patrick Tourneboeuf jusqu’au 19 Mai. je n’en dirai pas plus, tant l’effet « séries, épisodes » est interpelant et supra addictif. En attendant les suites, commandez sans tarder sur le site de Tendance Floue ce second numéro passionnant et laissez tomber les netflix et autres séries TV, ce qu’il se passe sur nos chemins est plus actuel qu’il n’y parait et surtout plus impérial….
Pascal Aimar ● Thierry Ardouin ● Denis Bourges ● Antoine Bruy ● Michel Bousquet ● Guillaume Chauvin ● Gilles Coulon ● Olivier Culmann● Pascal Dolémieux ● Bertrand Desprez ● Gabrielle Duplantier ●Gregoire Eloy ● Laure Flammarion ● Léa Habourdin ● Mat Jacob ●Marine Lanier ● Stéphane Lavoué ● Julien Magre ● Bertrand Meunier ●Yann Merlin ● Meyer Flou ● Julien Mignot ● Marion Poussier ●Kourtney Roy ● Mouna Saboni ● Clémentine Schneidermann ● Fred Stucin ● Flore-aël Surun ● Patrick Tourneboeuf ● Alain Willaume
TENDANCE FLOUE ET AZIMUT sont accueillis par le Photobook social club qui investit l’Espace Beaurepaire toute la semaine du 23 au 29 Octobre dans le cadre des Rencontres Photographiques du 10e.
Lundi 23 octobre 2017 Espace Beaurepaire 18h30 – 21h / 28 rue Beaurepaire, Paris 10ème (métro République)
Publié dans MOWWGLI du 24 Octobre
:http://mowwgli.com/26710/2017/10/24/tendance-floue-azimut-jeu-vaut-chandelle-regles/
PUBLIÉ DANS L’AUTRE QUOTIDIEN DU 25 OCTOBRE:
http://www.lautrequotidien.fr/abonnes/2017/10/19/un-azimut-viss-lobjectif-de-tendance-floue
1 Comment