Un Festival droit dans ses bottes Éloge de la Lenteur aux Promenades Photographiques de Vendôme 2/2;
ÉLOGE DE LA LENTEUR;
Tout en déambulations et en jambes, le navire amiral des Promenades Photographiques s’ouvre au Manège Rochambeau, précédemment cité, qui abrite en ses flancs 16 expositions dont la plupart ont été confiées à Monica Santos qui en a assuré la très active et singulière scénographie. Etat des lieux d’une sélection d’expositions et rencontres…
Hommage à Xavier Barral. Rencontre avec Jordan Alves, Coordinateur éditorial aux Éditions Xavier Barral
« Dans l’œil de Xavier Barral » est une installation dédiée au travail de cet éditeur singulier disparu en février 2019. Dans un espace oval en forme d’œil et à partir de la mise en scène d’une sélection de livres des Éditions Xavier Barral, cette création scénographique est une expérience poétique et immersive au cœur de la page imprimée.
Monica Santos s’est emparée de quelques titres de l’éditeur, en a prélevé le contenu et couvert l’espace consacré avec les pages éditées en leur donnant une destination visuelle précise et différente dont elle s’explique ci dessous. Le résultat est un formidable hommage rendu à Xavier Barral, en tant qu’homme et à sa Maison d’édition. Une poétique, un éloge de la lenteur aussi, anime le volume et le plan, disperse, assemble, associe, plie, crée des vagues, plient en carré ou arrondit les pages devenus matières, fait apparaître telle image sous ou sur telle autre, des phrases se forment, des citations se forment , des planètes, Mars, l’espace, les portraits d’Olivier Culmann, les corps de …. etc…comme un territoire sans fin, une aventure en expansion, un univers qui se dilate…
Rencontre avec Florence Joubert autour de son travail Les Gardiens du Temps
Le météosite du Mont Aigoual est le dernier observatoire météorologique habité de France. Situé sur le toit des Cévennes, il est soumis à des phénomènes extrêmes du fait de la rencontre du sommet avec les vents méditérranéens. Des générations de personnages se sont succédées dans cette forteresse, scrutant le ciel, la nature et ses états.
Aujourd’hui encore, Chantal, Eric, Rémy et Christian, quatre salariés de Météo-France y tutoient le brouillard et les tempêtes, résistant aux assauts répétés du climat et aux évolutions inéluctables d’un métier qui disparaît.
Au rythme des saisons et à la lecture des registres d’observation datant du 19ème siècle, j’ai essayé de comprendre la relation spéciale qu’entretiennent les météorologues au temps sous toutes ses formes, d’explorer leur connaissance intime d’un environnement dans son ensemble.
Instruments de mesure anciens et modernes, récits d’observation et graphiques délivrant la vitesse du vent ou les variations de pression dialoguent avec les scènes extérieures et forgent une représentation scientifique, mais aussi poétique de ce temps qu’il fait et qui passe.
Ces gardiens, à l’abri des épais murs centenaires de l’Observatoire, dans les décors bricolés du musée ouvert l’été semblent convoquer les éléments au dedans pour une dernière danse.
Rencontre avec Melody Garreau autour de son travail L’innocence ternie
L’innocence ternie est un hymne à ma sœur Chloé.
Photographie d’un temps d’incertitude, un croisement délicat entre l’enfant et la jeune femme.
À dix sept ans, la quête de sa propre identité se révèle être un combat, une recherche à prendre possession de son propre corps.
Depuis que j’ai traversé la Manche, ma voix est à la recherche de son écho et mon regard de sa juste distance. Je donne à voir ces quelques photographies comme les pièces éparses d’un puzzle complexe.
La Tour Sentinelle de Mat Jacob
« Etat des Lieux » : à la barre HLM du quartier des Rottes de Vendôme, destinée à la destruction, peintres et tagueurs ont livré un regard sincère et concerné, habité d’interrogations sur la planète et le vivant. Enfermé dans cette « tour sentinelle », j’ai collecté les messages cryptés, témoignages d’une planète en mutation, un laboratoire de l’anthropocène…
C’est ici que j’ai ressenti leur désir d’un monde plus juste, tenté de collecter l’universel sur un territoire microcosmique, pour un éloge de la lenteur et de la décroissance…
C’est ici, dans cet édifice voué à l’effondrement, que j’ai lentement et maintes fois voyagé autour de la terre et observé leur désir d’un monde plus juste.
« Somewhere » est une séquence d’images qui s’articulent comme une respiration fébrile dans laquelle chaque photo, en revanche, est autonome et offre au regard la possibilité d‘un commencement.
« Somewhere », c’est bien sûr quelque part ; quelque part entre hier et demain, quelque part entre le coin de la rue, le bout du champ ; un endroit si familier et pourtant, à un détail près, si différent qu’on a envie de venir doucement s’y perdre.
CAMPUS
En amont du festival, les Promenades Photographiques de Vendôme organisent un workshop dédié aux étudiants d’écoles de photographie internationales.
Accompagnés par les enseignants respectifs des écoles, encadrés par Mat Jacob, les élèves se confrontent pendant dix jours à toutes les étapes du processus d’une création collective: un thème donné, un engagement commun pour l’art et la pédagogie d’un travail photographique, finalisée par l’accrochage d’une exposition intégrée à la programmation.
Urban Landscape de Franco Fontana
Le travail de Fontana, qui se situe entre la représentation de la réalité et une soi-disant réalité, incite à une réflexion sur l’acte de voir. L’artiste, par sa photographie, invente subjectivement son propre monde.
Il a publié de nombreux livres et mené différentes expositions personnelles et collectives à travers l’Italie et l’Europe. Depuis 2000, Fontana a conduit une étude sur le microcosme des signes et des fragments de pavage sur la rue en milieu urbain (Asfalti).
La Spirale de Gerardo Custance
Photographe madrilène et ancien résident de la Cité internationale universitaire de Paris, Gerardo Custance a beaucoup travaillé sur la singularité de ce territoire. Sa nouvelle série suit un parcours imaginaire de la forme d’une spirale, partant de son atelier d’artiste au Théâtre de la Cité vers les zones transitoires aux frontières du grand Paris. Promeneur solitaire, il parcourt les chemins avec sa chambre photographique et décortique le temps, construisant patiemment des paysages de la lenteur, miroirs de ses états d’âme.
D’où vient le pouvoir hypnotique des photographies de Gerardo Custance ?
Je regardais l’une d’entre elles, prise dans l’encadrement d’une fenêtre. […] Il existe plusieurs versions de cette photo […] ce qui suppose que Gerardo est resté longtemps avec son appareil dans l’encadrement de cette fenêtre […] pour aller — selon l’expression courante, « au fond des choses ». C’est son regard à lui, son attente, qui donne à cette photo, en apparence réaliste, son pouvoir hypnotique. — Patrick Modiano, Prix Nobel de Littérature
Retrouvez le programme complet de cette 15ème édition : http://promenadesphotographiques.com
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