HERVÉ MELON, ILLUSTRATIONS ET DESSINS.
Ouvrier du paradis, l’Illustrateur-dessinateur Hervé Melon, est reparti sur les sentiers de la création en livrant quelques dessins issus de sa plume au trait fin, pour croquer, comme il se doit, en giboyeur (néologisme) et en Robinson, certains bâtiments, places et lieux les plus emblématiques d’un Dijon ayant fait le voyage des tropiques, revenu au XVIIIème siècle.
On pense à Voltaire, aux chemins des Amériques, aux indiens et à la Louisiane française de cette époque, plus de deux millions de km2, concédée aux Anglais et aux espagnols.
Dijon en son architecture classique de Jules Hardouin-Mansart, est reprise dans ses amours de la pierre et de l’Histoire par une nature tropicale aventureuse et conquérante….
le petit personnage qui vole, à califourchon d’un poisson préhistorique, si il évoque au passage une continuité pacifiée des gargouilles de Notre Dame, dans une continuité imagée, imaginative, ce petit personnage cuirassé de fer, hybridation vernienne, (Jules Verne) nous embarque en plein ciel, vers le rêve d’une aventure du trait et du dessin… et l’on comprend ce rêve d’envol tenté avec succès, afin d’éprouver, même sur une machine hybride, un poisson volant anti-diluvien, l’ivresse de l’air et la jouissance du vol….et de la ville, vue d’en haut, voyage de Gulliver, voyage des hauteurs, réjouissances du dessin, le monde se tient dans un trait, à disposition de la main qui enchante et qui construit le panorama du rêve, en toute confiance, en singulière liberté, car, au fond, ce qui enchante, tient à ce coup d’œil, un coup de chapeau à cette liberté de ton, léger et frais, à l’instance créatrice, ici, partagée sans limite.
Le monde s’accroit au songe de l’illustrateur et de ses dessins et s’en trouve enrichi, accru, pacifié, rendu plus alerte de lui même, car dynamisé dans sa réalité imaginaire, dialectisé par la plume qui en révèle le potentiel magique dans l’émerveillement. La ville de Dijon se prolonge activement dans son imaginaire, par ce qui lui est connexe, infuse, comme un thé à la montre du chapelier. Une ville est dans la ville, secrète et prête à se soumettre à tous les révélateurs d’ambiance et d’atmosphère, il nait de la sensibilité d’Hervé Melon et de son trait, ce panorama magique du conte, ouvert à tous, petits et grands…
Tout vibre alors grâce à cette inspiration sage et maîtrisée, le rêve vient à la lèvre, on s’attend ainsi à caracoler sur un tapir magique, carapaçonné d’écailles et à se rendre compte-conte que nous sommes sur un auguste rat des champs, gigantesque, décoré princièrement, que nous sommes donc, de fait sur un animal royal, nous promenant sur cette place, elle aussi royale, fusant, museaux amusés (à Muses nées) à l’air printanier de cette ville des champs…somptueuse syncope du rêve imagé et de ce que la pierre ancestrale contient, tel un parfum, un vieux buffet baudelairien, de l’esprit des temps, comme infusés, (une fusée) et toujours là, pour le défricheur des heures invisibles, par lesquelles on se promenait alors, en toute quiétude et en pleine ville, musardant le hasard et fringant comme un lord en redingote de cuir et bottes cirées, revêtu d’un masque à bec fin, car c’est le Carnaval qui avance son heure, et qu’il faut nous y rendre sans tarder…comme s’il s’agissait d’un nouveau chapitre carollien (Lewis Caroll) et que, d’un coup, Alice surgissait avec le lapin et que sa voix retenait les plis des silences du trait, pour chevaucher, derrière ce jeune hobereau, en compagne altière et sérieuse.
Bonheur des dessins qui avivent la disposition aux romans. Tout un secret se déploie au rythme de cet imaginaire, par cette image imagée et vertueuse, car elle creuse en soi le sillon de la légèreté et l’attention de la découverte de ce qui est enfoui et tient à se révéler, quand on songe à dialoguer avec tout un univers, dissimulé par les brumes et les brouillards environnantes.
Félicitations au porteurs du rêve par le trait, à Hervé Melon….
Le 11 Février 2023 Pascal THERME
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