EYES WIDE OPEN, L’EXPÉRIENCE DES MÉTA-IMAGES EN FRAGMENTATIONS.

EYES WIDE OPEN présente une série de compositions photographiques sur polaroid SX70, réalisées entre 1999 et 2008, exposant une pratique photographique singulière, sous la première influence du peintre David Hockney.

Par une approche fragmentée comptant plusieurs dizaines d’éléments, une image globale est recrée. Ce projet de livre à Les éditions de Juillet assemble les compositions réalisées aux USA et à Paris.

LA DÉMARCHE ARTISTIQUE.

PRÉAMBULE: L’acte photographique a toujours été, pour moi, du à un onirisme actif comportant une sensibilité à l’invisible, la mobilité du point de vue, le dédoublement, une forme d’énonciation, de voyage, pour s’éprendre des échos du monde, dans leurs apparitions comme dans leurs disparitions.

LE PRINCIPE: Ce qui, début 2000, m’intéresse, est de concevoir, sous l’influence hockneyenne, (les joiners) une image cumulée qui associe une série de photographies décomposant un sujet.  Il s’agit de recourir à la disruptivité  (rupture dans la continuité) d’un grande image faite de fragments, de ce qui se met à jouer à travers le montage, dans les interstices. Cela devient très vite le sujet en profondeur de ma pratique photographique, recouvrant la question du solipsisme et de l’identité.

VISION CRITIQUE, RECHERCHE DE LA MODERNITÉ: Une vision critique s’empare du statut de l’image fixe, dans un débordement de la représentation unitaire, unifiée, pour mettre en scène un regard agi par les ruptures du réel, à travers sa discontinuité, ce qui me semble toujours plus actuel et plus juste, du point de vue d’une démarche cherchant une forme de modernité.

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L’ACTE PHOTOGRAPHIQUE: Voir différemment, pouvoir comprendre ( prendre avec soi) le mystère de l’acte photographique dans son intimité psychologique, dans sa réalité créatrice, revient à provoquer un espace d’évènements singuliers par la photographie dans une vision holistique. Les rapports entre conscient et inconscient font jouer psychanalyse et photographie, donnant une issue positive à cette maÏeutique heureuse, parce que vivante, de la recherche des rapports dialectiques entre le monde et soi, dans un questionnement identitaire.

DÉ-CONSTRUCTION: Alors, Il fallait provoquer le regard, le dé-conditionner, le retourner, l’amener à cette ouverture formelle et plasticienne, accoucher la vision par un travail de dé-construction de l’image,  ce pour quoi Hockney m’avait encensé lors de l’exposition du Centre Pompidou en 1999 avec son Bigger Grand Canyon.

MODERNITÉ ET POÉTIQUE: Il y avait là un enjeu et un terrain d’actions. Je m’y découvris plus moderne et autorisé, au sens baudelairien, – « Qui dit romantisme dit art moderne, – c’est à dire intimité, couleur, aspiration vers l’infini exprimées par tous les moyens que contiennent les arts. … » puis, suivant René Char, plus présent de la part consciente et architecturale de ces images globales faites de leurs fragments.

APOLLON ET DIONYSOS: L’adroite pratique convoque à la fois, l’instance mathématique de la grille en sollicitant l’architecte et le topographe dans le relevé de ce qui fuit devant ses yeux et dans l’espace, dans une référence apollinienne, et, celle de l’involonté,  laisser fuir au devant de soi ce que le regard porte librement, proposant une poétique de l’espace… « Certain de mes actes se frayent une voie dans ma nature comme le train parcourt la campagne, suivant la même involonté, avec le même art qui fuit… ».

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TECHNIQUES

Mes montages, associent un certain nombre d’ éléments autonomes séquencés et recomposent, re-pensent une unité, faisant Photographie dans l’avènement d’un temps et d’un espace reconstitués.

C’est un travail complexe, logique, (logique structurante de l’association) qui demande une écoute particulière, un Voir singulier.

La direction artistique est constante dans ces deux moments de création, prises de vues et montage, pour réaliser, réussir l’intégration parfaite et harmonieuse à la totalité, au fragile équilibre, de l’association des fragments, en s’appuyant, dans l’écriture sur une grammaire visuelle à chaque fois différente et sélective. En choisissant ses occurrences, la composition se construit déjà à la prise de vues,  puis s’impose au montage.

LES OCCURRENCES: Les occurrences de cette première période ont été, la répétition d’éléments (le bégaiement de l’image), la syncope, rupture du rythme, le mouvement intérieur recomposé, la suture, le différentiel des points de vues, le flou/le net, différentes perspectives, l’utilisation du travelling, la narration, l’apparition d’un même personnage traversant la composition, le plein champ de la vision sur 360 degrés, pour déployer devant soi un paysage, une architecture, un intérieur, sur hauteur et largeur, (ce qu’aucune optique ne peut permettre de faire)  bien avant que les logiciels panoramiques des smart phones n’en puissent proposer l’opportunité sur un mode simplifié.

SX 70: J’utilise deux Polaroïd SX 70 munis d’un 35 mm, optique fixe; l’appareil a une mise au point relative, un petit réglage de l’obturation. Le film et l’appareil portent le même nom. Les films ne sont pas stables, la chromie est bleu-vert, les packs de films mal conservés créent des accidents (brûlure de l’émulsion). Il faut une bonne lumière pour en tirer une qualité photographique correcte. Tout le charme est dans cette fameuse « fausse » instantanéité, environ 1 minute, pour obtenir un positif stable. le Polaroid est devenu « magique » parce que, « presque » immédiat, à la latence très courte.

MAGIE DU POLAROID: Il faut dire que vingt ans après, l’émulsion n’a pas bougé, et le Polaroid SX 70 s’est révélé un support d’enregistrement fiable, dans la mesure ou tout un présent s’est inscrit, apte à recevoir ces empreintes un peu molles, à la définition aléatoire, à la plasticité irréelle, aux tonalités froides, à la fréquence lente….comme une mémoire qui enregistre « soft » et qui rend l’ image dans sa plasticité photographique, désirable et magique.

TROIS COMPOSITIONS:

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Piscine & Jacuzzi, en hommage à David Hockney, assemblant deux perspectives différentes dans le même plan.

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Le Vase d’Or, construit à partir du centre, le vase est éclairé à contrejour de la lumière du plan, qui, selon l’axe de la prise de vues, était sombre. Il s’agissait là d’une intention picturale, créer par touches pour corriger certains manques, donnant une correspondance à la nouvelle du même nom, du romantique allemand  E.T.A.Hoffmann. Certaines actions du montage en direct et en voyant, ont nécessité de bouger toute l’installation de la table, afin que les fonds soient raccords, afin de compenser les fuites de perspectives du 35 mm.

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Histoires de Bérénice, a été réalisé dans la continuité d’une narration photographique, en 2006, utilisant le catalogue Francesco Smalto A/H 2005/6 réalisé précédemment, pour l’ étude  d’une image publicitaire de la ceinture Smalto, projet mis en image, selon mon principe, dans l’appartement de l’A.D. de la marque, avec Bérénice, modèle, qui en est le sujet.

Toute une présence au monde se trouve inclue dans cette production au Polaroid.

Inscrire le temps présent, établir ce solipsisme dans ses empreintes et faire œuvre, en ont constitué les lignes de force.

Une beauté fragile, dans ces équilibres précaires,  fait oeuvre. 

Pascal Therme

https://pascaltherme.com/eyes-wide-open/

https://pascaltherme.com/portfolio/polaroid-sx-70-graphe-de-soi/

https://pascaltherme.com/fragmentation-retours/

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