MICHEL KIRCH, ENSEMBLE.
ANALYSE DE L’IMAGE PUBLIÉE.
Le point central de cette image est le triangle pubien, noir, qui s’aperçoit, juste en dessous de la ligne d’horizon, et qui organise le plan de l’image, le point d’où la vision s’éclaire, comme un tout. Il y a Chez Michel Kirch, une revendication esthétique, qui fonctionne par osmose, en douceur, en globalité, aucune perturbation, ni tension, tout se fond, comme dans un miroir.
Il s’agit pour moi, ici, de l’évocation de Vénus en son temple, dans une vision cosmogonique, presque religieuse, une sorte d’icône, d’image sage, ou s’exprime un mythe de fondation.
Le féminin, central, le triangle pubien, l’eau sont autant de symboles qui concourent à ce que l’image soit fondée, fécondée, par l’univers vertical des colonnes (14 en tout) représentant le principe masculin, l’érection, la verticalité – on pourrait extrapoler sur une transcendance, en tout cas une architecture, tout au moins une verticalité somptueuse, le temple de Salomon serait-il évoqué ?
Ici donc un Templum Sacrum, Temple de Venus, cumule les signes de la naissance d’un monde par l’eau, et ce corps féminin immergé, presque en lévitation, en suspension, en vol indique le « Sacré » du personnage central, seul et unique, une forme d’assomption.
MICHEL KIRCH évoque t-il ici une figure mythologique, Vénus, à travers un NU à la façon des peintres, baignant dans les eaux primordiales, ce Nu étant Un, comme perçu et vu à travers le miroir, une vision spéculaire hermétique…inspirée du baroque.
Pour en revenir à la composition, il y a bien un centre unique, ce triangle pubien, qui s’excroît, (sexe croit) du centre vers la périphérie, de son Naos à son Cosmos, d’abord du triangle pubien Noir, par le corps, blanc, laiteux, pur, plein, sensuel, lévite, puis par le temple, cathédrale baroque funèbre aux colonnes de marbre, aux chapiteaux ioniques dont les cornes du bélier qui s’enroulent, sont un symbole de l infini. Il s’agit d’un voyage de l’œil à partir du sexe féminin qui engendre une représentation, de son point d’émission à la totalité de l’image, incluant le Temple, l’Infini, le Sacré, l’expansion, l’architecture du Sacré, les eaux primordiales, la naissance d’un monde.
Michel Kirch recherche, à travers cette composition, non pas « à perturber le signe qui affronterait l’espace, l’espace engloutissant le signe, », relation d’opposition, duelle, mais à fonder une unité qui s’expanse, à partir d’un point ( le triangle noir), dans une représentation harmonieuse, harmonique, presque symboliste, plus proche, me semble t-il de l’Art Baroque ici funèbre, en raison du décor sombre. Cette Vénus me semble évoquer le Mystère de la Création.
L’image est symbolique, c’est dire qu’elle est un tout indivisible et qu’elle cherche à essaimer, à s’expandre, en relevant d’une représentation sensible, ici une représentation de l’unité . Le mot « symbole » de syn-, avec, et -ballein, signifie mettre ensemble.
Et pour en conclure Anne Souriau, dans son vocabulaire d’esthétique écrit : » « Le symbole ne doit pas être confondu avec le signe, car il n’est pas conventionnel et intellectuel, mais appel de l’imagination sensible vers un spirituel qu’il suggère sans le signifier »
©Pascal Therme, 20 Février 2022
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