JEAN FRANÇOIS SPRICIGO, L’INTERVIEW.
Amitié sauvage – Conte photographique de Jean-François Spricigo.
JEAN FRANÇOIS SPRICIGO EXPOSE AU FESTIVAL DU REGARD À CERGY, EN CE MOMENT ET JUQU’AU 2 MARS, UNE SÉRIE DE PHOTOGRAPHIES SUR LE THÈME ANIMAL…
Suite à mon article sur LE FESTIVAL DU REGARD, publié très récemment, j’ai réalisé cette interview très intéressante de JEAN FRANÇOIS SPRICIGO, quant à la définition de sa photographie, dans quelle expérience de l’être situe t elle son champ d’action, dans quelle résonance, quasi magnétique, s’opère l’inversion des pôles du quotidien, visible/invisible, ombre/lumière, Amour/Joie.

JEAN FRANÇOIS SPRICIGO; sur les cimaises du festival du REGARD. ©pascalTherme2025
Sans doute est-il besoin d’écouter ou de ré-écouter cette bande son avant toute chose….celle du film projeté au Festival.
Lecteur audio
j’ai appris la photographie avec un chien, c’était la nuit, enfin les nuits, …. » à écouter ce texte magnifique, qui nous vient par cette voix profonde, au timbre de pierres roulantes, mue par un texte touchant, rencontres d’une émotion, d’une voix, d’un souvenir à l’évocation de l’ami, du passeur d’ombre, de la personnalité animale d’ HIko, le chien de Jean François Spricigo, nous ne pouvons, à notre tour que nous interroger, dans la foulée du promeneur nocturne et solitaire à la seule compagnie de ce compagnon magnétique, du voyage de la nuit, de la traversée de l’ombre, de la paix immémoriale qui en structure toute la présence dans la révélation. Toute une poétique en nait par ce grand bonheur de l’entendre, clarté sur tant d’ombre, genèse du photographe grâce au passeur, figure du chien qui habitait, en psychopompe, le panthéon égyptien, Anubis, grand canidé ou chien sauvage, dieu du passage et des embaumeurs….
INTERVIEW DE JEAN FRANÇOIS SPRICIGO RÉALISÉE au jardin des Tuileries, ce Dimanche 16 Février.
Pascal Therme: comment te définirais-tu?
Jean-François Spricigo: c’est être vivant à part entière apparenté à l’espèce humaine, et je trouve que, partant de là, on ne se confond pas dans tous les paradigmes narcissiques d’identité ou de fonctions, mais on est relié à l’immensité de la vie qui profondément offre les potentialités à l’endroit des circonstances et à l’écoute que nous avons de ces circonstances . Les photos qui sont accrochées au Festival ont été choisies par Sylvie Hugues et Mathilde Terraube, elles sont issues des expositions précédentes organisées par ma galerie camera Obscura, à Paris; On tenait à ce qu’il y ait aussi une relation charnelle, on va dire au papier, néanmoins le cœur de l’ouvrage,pour ce qui me concerne, est un diaporama vidéo qui m’a été demandé, que j’ai confectionné spécialement pour l’occasion et dans lequel il y a un texte, une musique et naturellement des photos.

©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
Jean-François Spricigo: s’exprime ensuite sur le film, précisant que par ce texte racinaire, le don que lui a fait le chien de sa grand-mère HIKO, lors de leurs promenades au cœur de la nuit l’»a ramené à l’essentiel, je crois du vivant, à l’essentiel qui est l’amour. »
La traversée de l’ombre: c’est-à-dire que profondément la nuit n’a pas l’opacité qu’on lui prête, il y a une une profondeur et il y a des qualités d’ombre, des natures d’ombre et finalement une ombre en soi; c’est absolument essentiel parce qu’une ombre génère les potentialités à être éclairée, à y mettre de la lumière; c’est parce qu’il y a l’ombre qu’il y a la conscience, qu’il y a là quelque chose à éclairer, donc je ne vois pas l’ombre comme quelque chose derrière laquelle se cacher, une menace, mais au contraire, une main tendue, une main tendue du vivant, de La Vie, pour aller à l’endroit de nos lumières, et je me permettrai de citer un monsieur qui fut aussi très important pour moi, Marcel Moreau et que je cite également dans le film: « ma vérité, c’est quand mes ténèbres sont expertes en Aurore »…. je trouve ça magnifique.
Pascal Therme: je voudrais savoir comment cette traversée de la nuit, de l’ombre a été un déclenchement sur le sur le plan conscient et sur le plan de ton écriture photographique, ce qui s’est produit ensuite dans l’image, comment cette expérience létale de l’ombre, qui est devenu une expérience vivante « de l’amour », finalement a initié quelque chose de cette, écriture photographique qui t’est si particulière:
Jean-François Spricigo: c’est expérientiel, c’est charnel, c’est sensuel; pour aller éclairer, si je puis dire une ombre, ça nécessite de s’en approcher, c’est par des contraintes, en tout cas du protocole technique de la prise de vues, forcément quand vous êtes à l’endroit de la nuit, vous descendez le temps de pause et, soudain, vous n’êtes plus à l’attention usuelle de figer les choses parce que c’est ce qui semble induit en journée; vous rendez compte qu’il y a la possibilité dans une temporalité plus vaste non plus de saisir un instant décisif, comme il est convenu de l’appeler, mais d’essayer d’être à l’attention de la trépidation, de la palpitation, de cette respiration;
…..et de ce trouble là, nait pour moi, quelque chose qui a d’avantage à voir avec le Vivant, parce que profondément la fixité c’est quand même ce qui se rapproche le plus d’un état de mort.
Pascal Therme: Quelle est la nature du lien entre l’admiration et l’émerveillement, j’ai cru comprendre qu’elle était une articulation profonde au sein de l’image qui conduit peut-être aussi à un lien à l’enfance, à la découverte, au voyage. Comment peux-tu en parler?
Jean-François Spricigo: pour moi l’ émerveillement c’est la qualité de la sagesse quelque part. Et en cela, il me vient d’envisager que les deux jambes, en tout cas deux jambes possibles pour cette sagesse, seraient l’insouciance et l’insolence, deux caractéristiques de qualité que l’on prête souvent à l’enfance, mais je trouve ça pertinent de se dire que l’enfance n’est pas tant une période de la vie mais une zone géographique; on est, et c’est Brel qui dit ça, on est dans un endroit qui s’appelle l’enfance, cette enfance est toujours là…. être à l’endroit de cet émerveillement c’est soudain se rendre compte qu’on a pas besoin d’ajouter quoi que ce soit et que, ce qui importe, c’est l’écoute, car dans cette écoute il y a la conscience que ce qui est essentiel; ce n’est pas mon existence en soi,( dont on se fout), mais la disponibilité à la vie, qui la traverse profondément.
Tu vois, je ne suis pas la main qui dessine sur la vitre embuée de mon existence, je suis juste la chaleur au bout du doigt, c’est c’est la vie en moi qui décide;…. et chaque fois que je refuse, chaque fois que je revendique un titre, un rôle ou une misère, ça me ramène toujours à hier, et hier est déjà mort….
La suite dans le fichier son: suivre par l’écoute la voix de Jean-François Spricigo et ce qu’elle dit aux racines de son être là, en ce jardin des Tuileries, ce Dimanche 16 Février, à l’heure froide.
Lecteur audiointerview de Jean François Spricigo au jardin des Tuileries, ce Dimanche 16Février.

©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
lire mon article précédent:
ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES:

©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
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