Le T d’AZIMUT TENDANCE FLOUE
Le T d’AZIMUT ANTI TABOU!
T, Traces, taille des territoires tendres et terribles, ténébreux, teinte du temps.
Tendance Floue, témoin temporaire, template des tempéraments transparents, taciturnes tranquilles à la tête tempétueuse, testamentaire des Forces torrides ou thaumaturges. Des Travailleurs en tabliers se targuent de trouer sans travestissement la transversalité des terres uns, tintinnabulant, sans tuer le tumulte des turbulences, pour tirer le toi du toi, unis pour transformer les tyrans en tartuffes, trouer le terrible, sans terreur, pour tricoter le trait et tirer le port-trait du très touchant T.
T comme Traces des Terres et des territoires, trésors de tribunes, trouvères, troubadours, que le Tarot taraude, tard dans la trouée des tentations tues aux tripots tricolores où un triomphe de tristesses est tiré à temps par les tribuns triomphants d’un texte tiers.
Traces des azimuts en Tendance floues.
Dernier numéro avoué de l’expérience qui prit l’Azimut ascendance de la marche, débutée le 1er mars 2017, terminée le 18 Octobre 2017, avec Thierry Ardouin. 11 octobre 2018 le numéro T de la publication parait. c’est un magasin(e) où s’exposent les retours de chemins, textes et photographies, songes et en-songes, avec cette citation en couverture: “ N’ allez pas où le chemin peut mener. Allez là où il n’ya pas de chemin et laissez une trace.” Ralph Waldo Emerson. Trente photographes marquent leur passage, dans un tracé global, arrêté au km 4124. Tout de même un record.
Cécile Cazenave écrit dans la préface à ce dernier numéro:” Azimut a été amorcé par le collectif Tendance Floue pour répondre à un besoin urgent: partir et reprendre le temps et la disponibilité de voir et de photographier, mise en mouvement élémentaire, trop souvent négligée ou sacrifiée aux exigences du métier”. Voilà la motivation, le moteur avoué de la marche, son pourquoi, ses pour quoi et qui, une exigence pour recentrer le temps lui même et faire passer un message, on ne court plus, on respire, on s’assoit, on regarde le ciel, c’est un TEMPS pour soi, message revisitant les Sixties, 68. Devant court l’expression des pages, venant se loger dans le magazine feuilletonné.. six numéros….
C’est un travail de groupe, défini par la conception éditoriale de Grégoire Eloy, Bertrand Meunier, la Conception graphique a été confiée à Justine Fournier, la coordination textes revient à Cécile Cazenave, le suivi de projet à Clémentine Semeria, la post-production à Félix Fouchet. Le magazine s’envole au songe épuisé de chacun, roule le pays comme un monde allant vers une sorte de révolution intérieure. La France à la veille des élections présidentielles n’est déjà plus celle de Novembre 2018, et pourtant c’était il y a si peu…
La marche a bien mesuré ce temps historique à l’aune des temps personnels et intimes, pour inscrire dans la chair tendre des pages ce temps sans temporalité excessive, personnel, inaugural de la Présence à soi. Azimutés. STOP au monde chaviré, fou, inscrire à la pointe des yeux, par une main fervente ce que la marche – une marche à rebours, inversée, virale – doit ouvrir en soi plus que clore: la fuite en avant d’un temps social devant se ré-initialiser… ce temps si personnel sans durée, versé à la permanence des individuations et à toutes expériences entrant dans ce champ là, par cette fonction. Azimut a réinventé le temps des cerises. Un temps de l’être et de l’inspir, un temps de ou du Faire, une forme avérée du poïen grec.
Un temps à SOI. Une singularité en est née, pouvant intéresser l’autre, universalité des singuliers, de ces tropismes actifs tournés vers le UN, vers une Unité de soi – sens étymologique Uni-Versus- actifs et donnant la base et le sommet (R.Char). On est ici dans l’Ascension d’un mont Thabor, dans une royauté personnelle, issue des chemins vécus en parallèle. Le passage du témoin, pendant tout le Voyage, a induit un relais et provoqué la confluence de ces rêves qui ont fait ces chemins, tous les chemins, parfaitement inscrits et relayés par le texte et l’édition, pour qu’une inscription, une mémoire puisse se générer et faire sens plus que document. Un peu, beaucoup, de souffrance et de don, d’abnégation ont fait ces ferveurs qui ont enchanté chacun, parce que totalement assumée sérieusement. Ce qui a fait photographie…et sens.
Un temps de liberté était devenu nécessaire, liberté de créer, de respirer, de circuler, d’approcher le rêve majeur, déjouer les réalités superficielles du monde des apparences, approcher par la marche, ce compas qui mesure, l’étendue des possibles, la profondeur des soirs, l’appel du jour, les petits matins pluvieux comme les bourrasques et les frayeurs, les nuits sombres et les jours lourds, dans la traversée d’une expérience globale, à la mesure de la vie.
Les textes qui ont parlé souvent à voix basse des petits tracas, des baisses de forme, n’ont pas dit tout le Blues que pouvaient être ces marches et leurs renaissances, dues à une forme d’expérience fondamentale, expérience des fondements de chacun. Il s’est écrit que cette remontée en soi dans ce cadre défini supposait un infini. Pour un lecteur attentif, ces récits ont ouvert un chemin vers soi, dans une rencontre initiale, voire initiatique: un retour sur soi, en soi et pour soi, réalisé à travers un but (passer le témoin en temps et en heure), un moyen (marcher) et un collectif ( tous les photographes) a permis de créer ou de recréer ce temps intérieur du, des, dialogues. La marche a t elle su inventer un système de valeur, relevant de la légende, sans pouvoir se soustraire à sa part mystique et rêvée, autres strates en dévers du politique, vers une attitude auto médiale.
Voilà qui répond aux mots d’Olivier Culmann et à ses interrogations en ouverture du T: “Sommes nous photographes, Auteurs ? Marcheurs ? Mateurs ? Artistes ? Sportifs ? Touristes ? Oisifs ? Héros ? Bons à rien ? Escrocs ? Magiciens ? Interprètes ? Prédateurs ? Poètes ? Observateurs ? Libres ? Chasseurs ? Ivres ? Transformateurs ? Voyeurs ? Amateurs ? Voleurs ? Menteurs ? Totalement Flous ? Complètement Fous ? »
Les azymutés sont avant tout des rêveurs qui marchent au devant de soi, pré-cession des équinoxes intimes et des solstices où les soleils marchent dans le ciel par devant ce ciel des poètes…. Ils marchent en eux mêmes aux points de recouvrement de ce qui fera photographie, la rencontre d’un objet et d’un oeil, saisis dans le hasard lumineux de cette dé-marche et de ces traces où s’éveillent le jour, le temps du rêve personnel et choisi, la tête dans les étoiles, les pieds sur terre… Parfois cette expérience les dé-borde, les dé-tourne, les affermit et les adoube, les yeux ouverts et fermés, la main sensible, le coeur battant. Toute une méta-physique peut prendre en relais la physique de la marche et s’accorder aux pas des grands marcheurs, Nietzsche, Baudelaire, Rousseau, Thalès, et son faux pas qui le précipita au fond d’un puits ; Kant que rien ne détourna jamais de sa sortie quotidienne, à cinq heures précises ; Kierkegaard et ses promenades imaginaires ; Cioran, déambulant loin des hommes et de leurs désastreuses ambitions…
Une sorte de Performance dans les deux sens du terme, performance physique, bien sur, le lecteur assidu a suivi les marcheurs et a été témoin de leur “passion”, performance, avec humour, dans ce qu’ils ont produit de photographies, de textes, d’éditions, de commentaires et de façon de traverser ou de jouer avec ces différents supports.
Les publications témoignent de tout cela et de l’esprit de partage, moteur important, chaque AZIMUT est un relais du précédent et annonce le suivant, du premier jusqu’au dernier. Nous y voilà. C’est le temps de la Fin, pourquoi ce temps est-il précieux, parce qu’aux dires de certains membres du collectif, il délivre d’une expérience importante et de ses suivis, notamment l’énergie qu’ont pris les différentes éditions et leurs impressions. Un temps dont personne n’avait supposé qu’il ait pu s’étendre et s’imposer comme un paradoxe, temps vivant de l’expérience et de ses richesses, temps du travail, dans une formule économiquement peu ou pas rentable, presque précieuse, réservée en tout cas, dans un contexte où sont apparues toutes les questions de ce qu’il faut appeler “la survie des photographes” et de toute l’énergie nécessaire pour continuer le chemin, justement.
Quelles traces a laissé ce chemin qui tend à s’effacer, au delà des éditions et de tout ces matériaux?…
Même si tout cela s’apparente à une métaphore, je ne doute pas qu’au delà de l’expérience très interessante des azimutés et du déroulement des territoires traversés, des régions, une nouvelle façon de voyager ait vu le jour, qui devrait s’apparenter à une sorte de mission photographique, telle que la Datar, avec d’autres perspectives pouvaient l’organiser, ici plus psychologique et moins objective. Pourquoi, alors l’état français ne pourrait-il se porter commanditaire de ces lectures modernes de la traversée des Territoires et des retours produits, tant sur l’état des mentalités de ces campagnes profondes, que sur les traces de son Histoire à travers ses bâtiments, les routes, les architectures, les populations et leurs langages dans ce qui échappe encore à l’appauvrissement et aux conditionnements des modes de vie. Héloïse Conésa, Conservatrice du patrimoine, chargée de la collection de photographie contemporaine à la Bibliothèque nationale de France conclut le T en reprenant ces avancées de l’expérience de chacun et des rapports à l’expérience suscitée par l’anti-chemin de Compostelle, parce que Laïc, artistique, avant tout et défricheur de ces aventures singulières en Terres de France. Bien d’autres possibilités de lectures de cette terre de France sont ainsi rapportées, au centre de nombre de réalités administratives, politiques, culturelles; ne pourrait-on imaginer que les Dracs soient a minima partenaires d’un prochain Tour de France organisé par Tendance Floue?
Ici dans le T Terminal sont exposés les travaux photographiques d’Olivier Culmann, Laure Flammarion & Nour Sabbagh, Bertrand Desprez, Julien Mignot et Thierry Ardouin. Chacun son style.
A la question générale d’Olivier Cullman Sommes-nous ? auteurs….Répond un classement, une typologie, un classement, en 7 points: Voies, vues, nuées, nues, nus, nuitées, nutri, et surtout une injonction, un ordre: VOIS. Peu importe les catégories qui découpent le réel en strates, en objets du voir, ce qu’il convient d’entendre serait plutôt ce » Vis, Voyage » à travers les pays que tu réfléchis même chagrins, une liberté s’y est attachée, la liberté de circuler, de marcher, de regarder le ciel et de sourire en soi…
Ce que ne manque pas de faire Thierry Ardouin avec ses cyanotypes ou apparaissent des fusées en plein ciel, des petits lézards et des fougères, comme si l’on retrouvait aussi cette terre brulée dans le mariage des herbes et des tritons, la possibilité d’un paradis bleu aux sources de Néenderthal. Thierry Ardouin en prenant au piège la texture et la forme revient à une préhension quasi tactile et sensible de cette nature et de son immémorial, du plein de toute sa mémoire, ici caressée de l’oeil, plongée dans la substance bleue. Il ne s’agit d’ailleurs plus d’images mais d’empreintes. On pense aussi à I Comme Mages…I d’Imaginaire.
Laure Flammarion & Nour Sabbagh répondent par un herbier et des jardins, maison, cabane, accompagnés d’un leitmotiv ou la campagne se dépeuple, tout tend à disparaître, puis par une multiplication de photogrammes sur la place du village, lieu vivant autour du camion épicerie, place de la Mairie, précédée du balais d’enfants une poule serrée dans les bras. Deux petits films en quelques sortes où parait cette simplicité des choses, de la campagne, toute en surface de temps, en brève, en légèreté, un A d’Azimut.
La danse de Bernard Desprez met en rythmes corporels sa logeuse d’un soir, au sein d’une forêt noire et blanche, évoque la beauté transparente de la lumière à travers les arbres et cette fusion des mondes bus à travers l’ivresse des corps dansants. Julien Mignot donne sa rêverie en partage, » il faudrait idéalement pouvoir photographier ses rêves... » sauf que ce monde se refuse à lui, les pélerins qu’il croise sortent d’un film d’Audiard, Tendance floue des whishys allégés d’eau de source provoquent une simulation d’extase, devant le refus de se prendre pour un chercheur de rédemptions….Le 12 Octobre survient une procession.
Thierry Ardouin ferme la marche en jetant ces cailloux bleus dans l’inversion poétique du ciel et de la Terre, et je ne peux m’empêcher de citer Rimbaud, le plus poète des marcheurs dans ma Bohème, vaste songe qui illumine tous ces chemins par l’adoubement secret des rythmes de sa prose, souvenez vous, petits poucets rêveurs, il égrenait dans sa course des vers, son étoile était à la grande Ourse….il ose dire ce que tout bas tous ont rêvé: « Oh! là! là! que d’amours splendides j’ai rêvées! » le rêve Majeur, celui des amours éternels…
Les 30 photographes du projet :
Pascal Aimar ● Thierry Ardouin ● Denis Bourges ● Antoine Bruy ● Michel Bousquet ● Guillaume Chauvin ● Gilles Coulon ● Olivier Culmann ● Pascal Dolémieux ● Bertrand Desprez ● Gabrielle Duplantier ● Grégoire Eloy ● Laure Flammarion ● Léa Habourdin ● Mat Jacob ● Marine Lanier ● Stéphane Lavoué ● Julien Magre ● Bertrand Meunier ● Yann Merlin ● Meyer ● Julien Mignot ● Marion Poussier ● Kourtney Roy ● Mouna Saboni ● Clémentine Schneidermann ● Frédéric Stucin ● Flore-Aël Surun ● Patrick Tourneboeuf ● Alain Willaume
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AVEC LE SOUTIEN DE :
Ministère de la Culture
Olympus
La Souris – Post Production Numérique
Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe – Saif
ITF Imprimeurs
Azimut #T
Direction de de la publication : Tendance Floue
Conception éditoriale et artistique : Gregoire Eloy et Bertrand Meunier…
Conception graphique : Justine Fournier
Coordination textes : Cécile Cazenave
64 pages
215 x 325 mm
20€
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