PARIS PHOTO 2021, RETOURS.
Une participation époustouflante, toute une actualité, prix et signatures de livres, de très belles choses, toujours les grands Maîtres de la photographie qui on signé cet œil permanent en imprimant un certain type de regard, et qui continue à rayonner sous le feu des temps, une perméabilité à de nouvelles sensibilités, reines d’un marché en plein essor, une sorte de joute entre, ce qui s’inscrit et ce qui se délie, autres inscriptions de cette tendance déchue, déceptive, si peu provocatrice, (alors que Baselitz est à Beaubourg) si conformiste, au final…si prévisible, mais mordante…intrigante, je parle de ces mouvances, mouvements des eaux lourdes de l’époque aux sombres reflets de décadence… tout est marchandise, réflexes pavloviens, sauf pour ceux dont l’intégrité et l’approche visuelle font encore perception, voyage, humanité, cri, révolution (esthétique), chant personnel, silence musical, ceux à travers lesquels s’écoute le monde à l’acuité de ses nuits.
Beaucoup de ces photographes, fragilisés par une économie privative, portent pourtant encore cette flamme de l’engagement aux illusions non encore perdues.
Alessandra Matia Calo’ ©Alessandra Calo pour Secret Garden
Nombre d’éditeurs leur ont ouvert les bras, il y avait pléthore de bons livres, partout, à Polycpopies entre autres, bateau Lavoir, café éclatant, pépinière de talents, mouvements de houle et de foule, livres moutonnant comme des vagues noires, frangées d’écumes, corps des désirs, soleils noirs, épreuves de l’Éros, traversées des pages comme s’il s’agissait de bateaux ivres à la recherche d’un absolu, d’une absolution, cherchant à passer le miroir blanchi de ce temps infamant.
Il y avait, à travers ces cahiers, toute une intimité sombre ou lumineuse, en travail, images négatives comme s’il s’agissait encore de ces mains négatives sur la paroi des cavernes, empreintes, cherchant à voyager à travers le livre et à échapper à leur fixité, comme ces regards de chats giflés, issus des différentes fréquences d’un regard s’approchant du choc de toute présence, qu’un plus haut guide leur a imposée, dans l’écoute de ce cœur absolu, hugolien.
Comment comprendre, alors, que tout livre, bateau ivre, est un passage, un témoin, qui file de mains en mains, d’yeux en yeux, pour initier un plus grand voyage, dans un appel aux vents, à ce qui se murmure entre les pages, ce qui séjourne durablement de l’intention et marque le temps présent de ses flux.
Tout bon livre est un refuge, où s’inscrit le crime de lèse majesté qui augure, qui marche au devant de soi et qui adoube, accorde ses grâces quand il est bu comme un vin de vigueur; bouteille à la mer, certes, reliquaire surtout, propre à condenser l’absolu de soi dans le message, par sa délivrance, dans une sorte de réflexe qui éveille à l’autre, au fond, parce qu’il cherche à séduire, c’est à dire à faire voyage, à convaincre sans argument à la cause la plus noble, la plus notable, cette intimité rêveuse du songe de soi et ses actions dans le champ du Voir, du ça voit, selon ce reliquat de l’expression lacanienne.
IL est question ici de ces jardins secrets qui habitent le temps dans leur durée différentielle, dans la réserve de ce temps, où les mémoires combattent en vainqueur leur propre éternité, dans la durée matérielle de leur ombre, pour établir une forme de présence ouverte et fictive, fictionnelle, rêveuse, comme cette vague qui vient du levant, mourrir sur la plage, livrer son secret message, pour s’abandonner au mouvement de l’océan dont elle est le bruit, la musique et le chant.
C’est pourquoi, à fond de cale, en cette péniche de Polycopies, ou sur ses ponts, s’échangeaient avec chaleur des visages en pleine assomption, en grand partage, une chaleur particulière de tout un peuple de créateurs et d’éditeurs, au plus fort de ce temps présent.
A Approche, la signature plasticienne avait l’intensité de son intention, rayonnait sous la magie de quelques un-e-s.
Ces voix différenciées parlaient des approches du médium photographique dans leur unique poétique, vivifiant l’onde, dans l’active tension d’un feu qui aurait consumé l’être au point de ses passages, de l’autre côté d’un miroir, usant des matières et des voix, là, où les mots du message, ne sont plus uniques, se rêvant encore, en s’inscrivant sur le film sensible de toute épreuve photographique, mais dans un flux plus rugueux, marquant le lit d’un fleuve aux pierres saillantes; le corps physique de l’image, son support, forçant ainsi en passant la matière, le lien de leurs naissances, ou se prêtant aux expériences des langages qui abordent leurs syntagmes, par la conscience de leurs enjeux, en force, en dérivation, en apogée.
Ici se livrait une expérience différenciée, plasticienne; expérimentale, à un autre point de la photographie.
Les lumières se sont éteintes. un immense paquebot bondé a quitté le port et s’enfonce dans la nuit. Quelques images sont restées en soi, touchant juste pour résonner et continuer d’éclairer cette part d’un chant invisible, qui poudroie. Mieux, les amis croisés, les paroles échangées, les projets évoqués forment cette maille inaltérable du sensible et du présent. Une porte s’est ouverte, donnant espoir à tous, le temps des réalisations est toujours le sonneur du devoir, enthousiaste et nerveux, il porte le rêve et ses prolongements dans le faire. Que demander de plus? Paris était de nouveau ce roi d’un jour, couronné par tous, fêté, absolu.
Pascal Therme 17 Novembre 2021
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