Un peu plus d’un mois après son inauguration, Zone I, le nouveau lieu dédié à l’image et à l’environnement présente l’exposition « La sirène d’Auderville » de Sarah Moon dans le cadre de la quinzième édition du festival des Promenades Photographiques de Vendôme. Lors du week-end d’ouverture, notre critique Pascal Therme a rencontré la célèbre photographe au Moulin de la Fontaine, lieu d’exposition qui renforce la magie de son travail.
Dans cette série composée d’images fixes et d’images animées, Sarah Moon vise à interpeler l’enfant qui est en chacun de nous. Issue d’un travail plus complet qui revisite les contes classiques, « La Petite Sirène » écrit par l’auteur danois Hans Christian Andersen en 1837 est le cinquième et plus long chapitre d’une série unique. L’artiste a revisité deux autres contes d’Andersen avec Circuss (La petite fille aux allumettes) et L’effraie (Le petit soldat de plomb) ajoutés à deux autres histoires de Charles Perrault : Le fil rouge (Barbe bleue) et le célèbre Chaperon rouge. Sarah Moon partage son univers emprunt de poésie et de volupté en contraste avec la violence des histoires.
« J’ai ressenti beaucoup de plaisir à réaliser ‘La sirène d’Auderville’. C’est un conte que j’ai toujours trouvé émouvant. Je voulais une histoire sans prince, bien que l’on puisse rencontrer des scaphandriers sous l’eau. Je reste fidèle aux contes, mais c’est un peu plus violent, probablement parce qu’il n’y a pas de fées ni sorcières… Je traduis ici l’histoire de ce personnage qui se sacrifie pour un homme qui ne l’aime pas. » Sarah Moon
Dans le travail de Sarah Moon, le temps est une matière vivante et organique où l’image fixe et l’image animée se nourrissent l’une, l’autre. Dans le film « La sirène d’Auderville », on ressent l’ombre planante d’une Marguerite Duras, que Sarah Moon décrit comme sa véritable héroïne. Ces films, Sarah les appelle ses « Road movie », tous auto-produit, elle est contrainte de les réaliser avec une équipe restreinte mais fidèle. Celui ci, présenté au Moulin de la Fontaine, a été tourné à Cherbourg en 2007 et est le plus long de la série avec ses 30 minutes. En dix jours de tournage, Sarah réalise ses photographies à la chambre. Elle saisit les instants entre chaque prise, le matin, au déjeuner ou le soir, elle photographie. Et c’est ainsi sur chacun de ses tournages.
Rencontre avec Monica Santos, co-fondatrice de Zone I.
« C’est un véritable honneur d’accueillir Sarah Moon. « La petite sirène » d’Hans Christian Andersen est un conte très dur et cruel et elle réussi à le retranscrire dans son univers avec beaucoup de poésie. Ses images et son film s’articule parfaitement au Moulin de la Fontaine avec le bruit de l’eau en fond sonore… ». – Monica Santos
Il s’agit de la première exposition de ce travail en grand format, le résultat a particulièrement enthousiasmé Sarah Moon. La scénographie a été réalisée par Monica Santos et Matt Jacob, co-fondateurs de la Zone I. On assiste à une exposition multisensorielle où tous les sens sont en éveil.
C’est la seconde fois que Monica collabore avec le festival des Promenades photographiques. Pour cette nouvelle édition elle a réalisé les scénographies du festival. Elle a réussi à nous convier dans une véritable promenade dédiée à l’éloge de la lenteur… L’occasion également de nous parler de l’hommage qu’elle a souhaité rendre à Xavier Barral à travers une installation fabuleuse et émouvante.
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