PHILIPPE CIAPARRA
Paysages & Transfiguration, K Éditeur.
Paysages & Transfigurations K éditeur

© Philippe Ciaparra
« Des visages féminins en semi-profil éclairés en partie, derrière elles, le fond est neutre, dans une nuance plus ou moins abrupte allant du blanc vers le noir. Les modèles entretiennent une certaine distance avec la réalité, les regards sont suspendus et fuyants, détachés.
Elles sont intemporelles et semblent avoir été photographiées nues. »

Il faut savoir approcher le travail de Philippe les yeux clos comme à travers la fine lame des yeux plissés, absorbants, transformation de l’approche, que les cils recouvrent en partie les paupières et que le buveur de thé se laisse voyager ici, ponctuellement en ces visages féminins, ou en ce livre, dans un texte qui aurait trouvé refuge au sein de ces yeux plaisants, froids, bougons; ceux ci se dérobent ou s’affirment, interrogent indirectement ce lecteur à travers le regard qui les voit, fleurs écloses refusées, en leurs antécédences, loin d’elle mêmes, dans ce temps connecté de la prise de vues, dans tous ceux qui s’y inscrivent et s’y réfractent. Le photographe devient un liseur d’âmes, de vie, un psychopompe parfois, une entité à part entière, qui sacralise, éternise, rend présent pour soi même, cet autre là, poétique du féminin, comme il le faisait des paysages américains, part de l’invisible Sacré qui continue à habiter ces royaumes fait de temps.
Philippe Ciaparra reste entier et multiple dans l’image qui nait, se déploie en lui même. L’illusion franchie est comme une terre restée en souffrance dans cet hiver mémoriel et spatial, la bas dans cet autre livre parlant de trans-figurations et de pays sages, d’autres visages, élaborés par les géologies, les accidents, les éruptions, une permanence des conjugaisons impossibles et possibles, aux bans de ce qui fait ici photographie, ces transfigurations surgies des yeux du voyant, de cet espace craint et souhaité, dans cette ambivalence d’avant, comme si le lieu de la persona – ce masque qui permettait aux acteurs de l’antiquité de faire porter au loin leur voix- venait à se re-créer en dissolvant toute relation avérée aux réalités superficielles, actuelles, pour se fondre à la source de ce qui fait temps, ombre et lumière, évènement, paysage, monument; un espace-temps sondé par évocations, accidents, synchronicités, tout ce qui fait feu et s’apparente, dans un toucher des rapports métaphysique entre l’ombre et la lumière, au grand voyage des enfers, retour du regard d’Orphée, acte sacrificiel moderne, interception des flux constants du sens, révélations sédimentaires du regard, dans un acte créatif complexe et natif.

Zabriskie Point Death Valley Californie Etats-Unis Automne 2014 PHILIPPE CIAPARRA
Sous le regard de Philippe Ciaparra, tout devient Odyssée, ces derniers portraits sont ici des infantes, de jeunes femmes issues d’un conte ou mieux du voyage aux sources de notre histoire gréco-romaine, surtout en ces périodes où quelque chose est en train de se briser, ici la beauté fragile de ce visage comme issu de la Rome Antique a la splendeur sacerdotale de la vierge, vouée aux cultes, ou la beauté tangible de cette autre jeune patricienne retrouvée à Pompéi, dans sa beauté native.
C’est en plongeant à travers ces mythologies, en établissant ce rêve romanesque d’inscrire la vie dans ces correspondances que vient à naître cette sur-réalité de la vision, qui, pour moi, semble échapper à sa cosa mentale, pour s’établir dans un retour de ce qui sédimente toute histoire….la sienne propre et la notre, dans une évocation de l’âme en chemin entre deux mondes, tout une écriture procédant à mon sens de l’héritage littéraire du Romantisme et, parfois, de son côté noir, ici le recueil de l’approche sédimentée du monde donne à l’apparence la force de sa propre histoire, de son éternel présent.
Pascal Therme, 23 Juin 2021

Paysages & Transfigurations par Phiippe Ciaparra, K éditions.
« Paysages & Transfiguration », un livre au format 30 x 30 cm, 96 pages regroupant cinquante photographies en trichromie sur papier Munken Lynx non couché, couverture tissu vert empire avec incrustation d’image.
http://kediteur.com/livres/Paysages_et_Transfiguration/Philippe_Ciaparra.html
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